Mal partis, les Guignols !

Publié le par Yves-André Samère

Après une semaine de Guignols dans leur nouvelle version, je pense qu’on peut donner un avis. Il y a du bon et du mauvais, plus de mauvais que de bon, selon moi.

Le bon est à chercher dans la mise en scène : décors, costumes, voix, tout est comme précédemment, c’est-à-dire très professionnel, soigné, et tout et tout. Forcément, les techniciens et le metteur en scène sont les mêmes qu’auparavant. On pouvait difficilement licencier trois cents personnes...

Malheureusement, pas besoin de beaucoup enquêter pour voir ce qui a empiré.

D’abord, c’était une fausse bonne idée que de remplacer le comptoir où PPD trônait seul, et recevait un invité, parfois deux, jamais plus, et sans autre décor additionnel que le fond animé ou les fenêtres accueillant un personnage en supplément. Pardon de jouer les intellos – ce qui m’arrive rarement, convenez –, mais la distance nécessaire à toute fiction a été fortement gommée. En imaginant une salle de rédaction avec cinq ou six journalistes, des écrans de contrôle, des ordinateurs, des micros, des consoles de mixage et autres gadgets, on a couru après une vision plus proche du réel, et on a court-circuité la part d’imagination du téléspectateur, qui n’a plus rien à imaginer du tout. Or tous les gens de spectacle savent qu’il faut laisser au spectateur la possibilité d’imaginer ce qu’on ne lui montre pas. Au théâtre, par exemple, cette distance est constamment cultivée : en supprimant le fameux « quatrième mur », remplacé par la rampe ; en obligeant les acteurs à donner leurs répliques face au public, fût-ce au mépris de la vraisemblance (règle sacro-sainte, bien connue) ; en faisant varier l’éclairage en fonction de l’atmosphère de la scène ; en stylisant les décors, parfois réduits à de simples panneaux ; et, dans les cas extrêmes, en forçant les acteurs à hurler ou à se rouler par terre sans aucune nécessité, vieux truc des metteurs en scène modernes. Je n’insiste pas.

Pour ne rien arranger, par deux fois cette semaine, les auteurs ont inclus une chanson dans leur scénario, mal conçue, mal écrite, mal chantée, sans esprit, abominable scorie dont on se croyait débarrassés, qui servait de palliatif au manque d’imagination des anciens auteurs : lorsqu’ils avaient la goutte à l’imaginative, ils ressortaient une des chansons écrites d’avance, de préférence interminable, et qui servait de bouche-trou. Eh bien, on nous ressert ce plat du pauvre.

Enfin, si vous avez regardé les cinq épisodes déjà diffusés, il ne vous a pas échappé qu’on a supprimé, sous la pression du patron, toute blague visant la droite ! Pourtant, Sarkozy s’est surpassé, cette semaine, avec l’application du ni-ni favorisant le Front National, et l’éviction de Nathalie Kosciusko-Morizet, pour crime de lèse-majesté. Même Estrosi et Juppé s’en sont formalisés. Mais non, Bolloré a mis son véto. Il lui en faudrait un, de véto, à cet animal trop domestiqué par ses amis.

Bref, les Guignols, c’est mal parti.

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Je crains que les Guignols ne soient devenus des guignols !!
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Y
Dommage, j’aurais voulu la trouver, celle-là !