Sourd ou aveugle ?

Publié le par Yves-André Samère

Dans Journal d’un corps, roman de Daniel Pennac, une phrase me fait tiquer à la page 205, dans l’édition en poche : « Je préfèrerais être aveugle que sourd ». Il est vrai qu’à la page suivante, le narrateur, à la suite d’un cauchemar, change d’avis : « Je me réveille en sursaut et révise aussitôt mon opinion : plutôt sourd qu’aveugle ! ».

Pour ma part, je n’aurais pas attendu d’avoir un cauchemar. Si je devais perdre la vue, ma vie s’arrêterait. Plus de livres, plus de films, incapacité de sortir pour les nécessités les plus élémentaires, mon choix serait vite fait. Avec cette difficulté, néanmoins, qu’il est très difficile de se suicider quand on ne voit plus ! Le procédé le plus simple serait d’ouvrir le gaz, mais on risque alors de mettre en danger la vie de ses voisins.

En revanche, devenir sourd ne me serait pas si pénible. On peut lire en paix, regarder des films sous-titrés, et on échappe enfin à la musique atroce qui les accompagne généralement. Outre cela, dans les salles de cinéma, fini le vacarme des publicités, adieu les conversations des voisins pendant le film ! Tandis qu’à la radio, on ne subirait plus les propos débiles des bavasseurs de micro, agrémentés de fautes de français. Enfin la paix. Parfois, on souhaiterait se défoncer les tympans avec une fourchette...

Et la musique, me manquerait-elle ? Pas vraiment. Les compositeurs qui me plaisent, je les connais par cœur, et je peux bien les écouter en imagination. Quant à ceux qui ne me plaisent pas...

Publié dans Santé

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

P
Comme quoi tout est relatif (mon Dieu que cette phrase est clichée) : personnellement je ne supporterais jamais d'être sourde même si je recouvrais la vue en échange et pourtant je suis sûre que plein de sourds le vivent bien...<br /> <br /> Quant à l'audiodescription, c'est une superbe invention et c'est souvent très bien fait, ça existe même dans certaines sales de cinéma grâce à un petit casque qui permet d'entendre les commentaires sans rien perdre de ce qui se passe à l'écran. Cependant, les films qui n'ont pas été doublés en français ne sont pas audiodécrits non plus, or je rêverais qu'un commentaire me lise les sous-titres de films qui sont dans les langues originales que je ne maîtrise pas !
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Y
On souhaiterait que ça existe, mais cela n’arrivera que si des groupes de pression réclament ce dispositif. L’ennui, c'est que la plupart des salles de cinéma appartiennent au privé. Quant à ce qui est géré par l’État, c’est-à-dire le CNC, j’ai l’expérience du fait qu’il se fiche de ses responsabilités. Il n’est même pas capable de faire respecter l’OBLIGATION d’afficher le programme des courts-métrages dans le hall des salles.
P
Rien que ça ! Et bien, heureusement que ma vie n'est pas aussi désespérée : en effet, je suis aveugle et, croyez-moi, je lis des livres (je lis même vos textes alors c'est dire...), je vais au cinéma et au théâtre et surtout, Dieu merci, je n'ai besoin de personne pour les nécessités élémentaires du quotidien (même pour les moins élémentaires d'ailleurs, hormis pour remplir des papiers administratifs). Allez, je vous concède une frustration de taille qui me pourrit un peu la vie : l'impossibilité absolue de lire les sous-titres des films en VO et ça, oui, c'est franchement pénible. Pas de quoi me donner envie d'ouvrir le gaz cependant : je n'ai pas le gaz chez moi de toute façon et quand bien même, si je le voulais vraiment je n'aurais pas besoin de ça pour me suicider (expliquez-moi donc en quoi aurais-je besoin de voir pour me pendre ou sauter du dixième étage d'un immeuble ?)
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Y
Je ne sais pas. Mon expérience est très limitée. J’ai bien eu une mésaventure avec un seul œil, qui a duré six mois. Un calvaire. Aucune envie de connaître ça de nouveau.
J
Aveugle de naissance ? Ou après accident ? Je pense que ça change la donne...
Y
Ma vie n’est pas désespérée, mais je me connais assez pour savoir que je supporterais tout, sauf de perdre la vue, car, chez moi, tout dépend de cela. Quant à sauter d’un dixième étage, impossible, j’habite au deuxième. <br /> (Rappelons qu’à la télévision, il y a l’audio-description, une voix qui décrit tout, même les génériques des films)