Valls a « mal au cœur » !
Manuel Valls, qui fait Premier ministre en attendant que son patron renonce à se représenter à l’élection présidentielle, et qui affute secrètement le poignard destiné à poignarder Macron quand le moment sera venu (les deux sont déjà à couteaux tirés), fait mine d’avoir « mal au cœur », comme il dit, de devoir employer l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer une loi dont presque personne ne veut, mais lui si.
C’est un chef-d’œuvre, cet article 49.3, et s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Sachant que le principal obstacle à la démocratie dont on nous parle si souvent, c’est la volonté de l’Assemblée nationale, on a conçu cette fabuleuse parade pour obliger les députés à voter convenablement, c’est-à-dire comme le veut le gouvernement. C’est très simple, on leur met le marché en main : soit vous votez en faveur de la loi qu’on vous soumet (et rappelons que les neuf-dixièmes des lois sont proposées par le gouvernement, et que les députés n’ont même pas l’initiative de leur ordre du jour), soit vous votez contre, et on dissout votre Assemblée, ce qui va vous obliger à retourner devant les électeurs, avec la certitude de ne pas être réélus si nous ne vous accordons pas l’investiture du parti que vous avez trahi.
Ne mâchons pas les mots : c’est du chantage. Un grand bravo à Michel Debré, le rédacteur de la Constitution de 1958. Son patron de l’époque, Charles De Gaulle, détestait les partis politiques. Debré s’est donc arrangé pour lui donner le moyen de leur couper l’initiative. Après tout, les désirs de ce grand démocrate étaient des ordres.