Edwige Feuillère, actrice

Publié le par Yves-André Samère

Edwige Feuillère est née le 29 octobre 1907 à Vésoul, et s’appelait alors Edwige Louise Caroline Cunati, parfois surnommée Vivette (ou Vigette, on n’est pas certain), née d’un père italien prénommé Guy, qui fit faillite deux fois, et de Berthe Koenig. Elle n’est devenue française qu’à l’âge de 18 ans. Elle était fort belle, avec une voix grave, et débuta au Conservatoire en 1928, puis fut engagée en 1931 à la Comédie-Française, où elle joua Suzanne dans Le mariage de Figaro – un grand rôle. Mais elle quitta l’illustre maison en 1933, car elle y trouvait l’atmosphère un peu étouffante, et se tourna vers le cinéma, où il lui semblait plus facile de se faire un nom. Elle s’en fit un, en prenant celui de son mari Pierre Feuillère, un acteur, qui se suicida en juin 1945, à l’âge de 39 ans, alors qu’il était remarié avec une autre actrice. Elle-même ne s’est jamais remariée.

Elle débuta au cinéma en 1931 comme partenaire de Fernandel, dans La fine combine, court-métrage de vingt-neuf minutes, et sous le nom de Cora Lynn, pseudo dérivé de son prénom. Mais son film suivant, la même année, fut un long métrage, Mam’zelle Nitouche, d’après la célèbre opérette d’Hervé, filmé par Marc Allégret, avec des partenaires prestigieux comme Raimu (il y avait aussi, dans un petit rôle, Michel Duran, futur critique de cinéma au « Canard enchaîné », ainsi que, dans d’autres rôles aussi obscurs que le sien, Viviane Romance, Simone Simon et... Jean Renoir !). Elle joua aussi en 1933 dans l’un des deux films adaptant le Topaze de Marcel Pagnol, le plus court et le moins bon, avec Louis Jouvet, mais elle y avait un grand rôle, celui de la fausse grande bourgeoise Suzy Courtois. Mais, à vrai dire, il fallut attendre pour la voir « mieux » (lire plus loin) dans Lucrezia Borgia, où le réalisateur était le grand créateur Abel Gance, qui a tout inventé ; film à ne pas confondre avec Lucrèce, tourné par Léo Joannon en 1943. Et cette curiosité : elle joua le personnage de Marthe Richard, en 1937. Mais le reste de sa carrière au cinéma ne compte, selon moi, que trois films qui ont marqué les esprits : L’aigle à deux têtes, de Jean Cocteau d’après sa pièce, en 1948 ; Le blé en herbe, de Claude Autant-Lara, en 1954 ; et En cas de malheur, du même, en 1958. À partir de 1976, avec La folle de Chaillot, elle ne fait plus que de la télévision.

En réalité, Edwige Feuillère a fait au théâtre la plus grande partie de sa carrière, et elle y était considérée comme une « grande dame » de la scène. Elle y a joué Giraudoux, Claudel, Racine, Edward Albee, Tennessee Williams, Anouilh, Dumas, entre autres. Tout son talent était dans le tact, les nuances, la mesure et l’élégance du langage.

Un détail de sa carrière retient l’attention, et qui n’a rien à voir avec son talent de comédienne : dans le Lucrezia Borgia mentionné plus haut, et qui sortit en 1935, elle avait une scène de nu, ce qui était assez inhabituel pour l’époque (on a vu bien plus audacieux par la suite !). Je mentionne surtout ce film « à la demande générale » d’un de mes lecteurs, qui voulait en voir les images, et qui aura satisfaction en suivant le diaporama ICI (il comprend dix photos qu’on peut examiner séparément) ou . Le film fit scandale, et il y eut des campagnes de presse réclamant son interdiction. Il en fallait peu, en 1935.

Après avoir cessé de jouer en 1992, au Théâtre de la Madeleine, Edwige Feuillère est morte 13 novembre 1998 à Boulogne-Billancourt. On dit qu’elle avait été très affectée par le décès de Jean Marais, son partenaire dans L’aigle à deux têtes. Elle avait été décorée de la Légion d’Honneur, et elle était Commandeur des Arts et Lettres.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

C
Vous ne pourriez pas être homme politique, vous êtes trop homme de parole .
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Y
C’est surtout que ça me casserait les pieds de n’avoir jamais une minute à moi.