Transfert de technologie

Publié le par Yves-André Samère

Assez souvent, notre prestigieux gouvernement, uniquement peuplé de génies, réussit un coup fumant : il parvient à vendre quelque chose à un pays étranger. Cela peut être des avions de guerre (pas souvent) ou autres engins de mort, ou alors une centrale nucléaire, au grand bonheur de nos écologistes, et enfin quelques TGV ou un gros paquebot. Et, chaque fois, les journaux se remplissent de pages triomphantes sur « l’excellence française » – variante : la « bonne santé du cinéma français ». Et l’on ne manque jamais, très maladroitement à mon avis, de publier la clause qui flanque tout par terre : les acheteurs ont exigé et obtenu un transfert de technologie.

 Cette dernière expression est remarquable. D’abord, parce qu’elle est un défi à la langue française, et j’ai souvent expliqué que la technologie n’est pas la technique, mais l’étude des techniques et l’enseignement qui va avec. Je ne convaincs personne, mais ce n’est pas une raison pour hurler avec les loups ou les États-Uniens, qui commettent la même confusion (au mépris de l’étymologie, ils disent bien decade pour désigner une décennie !), donc je reste sur mes positions.

Ensuite, c’est un indice que nos dirigeants politiques, pas très malins, sont aussi futés que les pontes de la Légion Étrangère, qui fêtent Camerone comme si c’était une victoire, alors que ce fut une défaite sanglante : six survivants sur soixante hommes, qui avaient affronté... deux mille adversaires.

Mais soyons concrets : imaginons que la France parvienne à vendre à la Corée du Sud une douzaine de TGV. Pas fous, les Coréens ont posé leurs conditions, et ils ont exigé qu’on leur livre, non seulement nos belles locomotives, mais aussi... les secrets industriels permettant de les construire ! Obsédé par le désir de faire valoir leurs talents de vendeurs, nos gouvernants ont tout accepté, et la commande est livrée à Séoul, avec tous les documents nécessaires à la fabrication des teufs-teufs gaulois. À partir de là, tout se passe ainsi : et d’une, les Coréens ne nous achèteront plus le moindre TGV, car ils possèdent désormais tout ce qui leur est nécessaire pour les construire eux-mêmes, plans et pièces à copier – et les Asiatiques sont les champions de la copie. Ensuite, munis de tout ce qu’il faut, ils vont désormais construire, sans nous et pour beaucoup moins cher, des TGV identiques aux nôtres, voire un peu améliorés, et les vendre à d’autres pays, qui, de ce fait, ne nous achèteront plus rien !

Une magnifique affaire...

Et voilà comment nos dirigeants s’appliquent à flinguer notre industrie. Étonnez-vous que le chômage soit endémique, chez nous.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

C
Vous faites bien de classer votre réflexion dans la rubrique Absurdités d'autant plus qu'au sujet des échanges commerciaux internationaux c'est le troc qui sévit. En échange de nos trains et des techniques afférentes à leur construction les Coréens vont nous refiler des produits que nous étions capables, il n'y a pas si longtemps, de fabriquer nous-mêmes. Mais peut-être que je ne comprends rien à rien.
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