Article (partiellement) glauque

Publié le par Yves-André Samère

Peut-être l’ai-je mentionné une ou deux fois : je ne suis pas influençable. Par conséquent, les tics et les manies des autres, je ne les adopte pas. Le parler lycéen et collégien, en particulier, dont certains gratte-papier font des livres pour éduquer les parents, me laisse de glace, même si je le comprends. Et je ne suis pas près de kiffer les films d’Hitchcock, ou de démarrer mon ordinateur pour débuter la rédaction d’une notule, pas davantage que je me soignerais avec des médocs ou estimerais que Gégé est un acteur incontournable. Je me fiche d’autant plus de ce néo-argot que je n’ignore pas non plus la réalité : dès que la caste des non-collégiens-non-lycéens adopte le vocabulaire de la génération montante, les utilisateurs originels l’abandonnent et inventent autre chose, d’aussi bête mais encore ignoré de leurs ennemis jurés : les parents.

Au nombre des mots et expressions qui me feraient mourir de rire si je n’avais pas les lèvres gercées par ces grands froids, il y a l’adjectif glauque, dont la majorité des bipèdes de France croient qu’il désigne quelque chose de louche, de malsain, de sinistre, voire de sordide. Exemple : Jean-François Copé a des intentions glauques. Eh bien non, pas du tout, car glauque est seulement une couleur.

Et comme une illustration vaut mieux qu’un long discours, pour une fois, j’écris le présent paragraphe avec des caractères de cette couleur. Certes, ce n’est pas très joli, mais je n’y peux rien. Et si vous voulez fabriquer du glauque, par exemple pour envoyer une lettre anonyme à quelqu’un que vous n’aimez pas – Copé, par exemple –, voici la recette : mélangez 144 parties de rouge, 176 parties de vert et 120 parties de bleu.

C’est bon, vous avez compris ? Content de vous avoir rendu service.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

M
En peignant son tableau intitulé "Glauque" de 1957, Bram Van Velde devait connaitre la recette, puisqu'il a apposé une légère touche de cette nuance. Je ne pense pas que la récente acceptation du terme devait avoir cours à l'époque.
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Y
Non, en effet. Ce nouveau sens de « glauque » n’a qu’un quart de siècle environ. On ne le lit nulle part dans la littérature antérieure. (Je ne raffole pas de ce tableau)
K
lol, mdr
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