Précurseur de Polanski ?
Il y a dix ans, le mercredi 27 septembre 2006 très précisément, sortait chez nous Hard candy, premier long-métrage de David Slade, présenté auparavant au Festival de Cannes le 12 mai 2005. C’était l’histoire d’un photographe, Jeff, connu, trentenaire, qui avait dragué sur Internet une fille de quatorze ans, Hayley. Ils se rencontraient dans un bar, elle insistait pour aller chez lui en dépit des réticences de l’homme, et là, elle le droguait, le ligotait et annonçait son intention de l’émasculer pour le punir de sa pédophilie, disait cette charmante jeune fille.
Rassurez-vous, ô âmes sensibles, l’opération n’avait pas lieu, elle était seulement simulée pour faire perdre pied à la victime anesthésiée. Le photographe parvenait à se libérer, se croyait tiré d’affaire, mais il avait tout de même quelque chose à se reprocher : avoir tenté de séduire une mineure. Tout ça ne vous rappelle rien ? Mais la fille le poussait au suicide en le faisant chanter.
Le film, réalisé en huis-clos, restait ambigu, malgré ses qualités : où commence la pédophilie, et que faut-il faire aux pédophiles ? Ne cherchez aucune réponse dans cette histoire, qui restait un exercice de style. Mais le dialogue recelait au moins une réplique passée complètement inaperçue à cette date, lorsque Jeff suppliait « Mais si je suis dénoncé comme pédophile, ma vie est brisée ! », et que Hayley répondait « Et alors ? Polanski a bien eu un Oscar ! ».
J’avais ri sous cape, car l’affaire que vous savez n’avait pas encore fait les choux gras de l’actualité médiatique, et pas un spectateur sur dix mille n’avait compris la référence. Il est vrai que là, c’était la fille mineure qui droguait son séducteur.