Départs présidentiels
Dans quelques jours, Obama va quitter la Maison-Blanche. Je n’avais pas beaucoup d’estime pour lui, car, non seulement il a eu la bêtise d’accepter un Prix Nobel de la Paix avant d’avoir rien fait (ce qui est proprement démagogique), et aussi de se laisser qualifier de « premier président noir du pays » alors qu’il est métis (autre manifestation de démagogie), mais encore, il n’a pas complètement réussi dans ce qu’il avait promis de faire. Par exemple, vider le bagne de Guantanamo, rempli par son prédécesseur de prisonniers qu’on avait un peu oublié de juger.
Néanmoins, à sa décharge, il faut dire que, si lui et ses prédécesseurs étaient à la tête du pays le plus riche du monde, ils n’en étaient pas pour autant les chefs d’État les plus puissants du monde ! À cet égard, en butte à l’opposition des élus et principalement du Congrès, ils ont, avaient et auront beaucoup moins de pouvoir que ce pauvre Hollande, et ne peuvent même pas gracier un condamné, leur droit de grâce ne s’appliquant qu’à la dinde de Thanksgiving !
Il est vrai qu’Hollande, adepte du je-fais-toujours-les-choses-à-moitié, s’y est pris à deux fois pour sortir de prison cette malheureuse Jacqueline Sauvage, enfin libérée aujourd’hui. La première fois, il avait dû (et elle aussi, surtout) se contenter d’une grâce partielle. Double erreur, car le fait d’avoir aujourd’hui réparé son erreur initiale lui a valu de mécontenter tous les chats fourrés de ce pays, qui lui reprochent sans trop de logique d’utiliser un pouvoir régalien, c’est-à-dire hérité de la monarchie. Tiens ! Jusqu’ici, ça ne les avait pas trop gênés... Mais enfin, il n’est pas le premier. Et je ne sache pas que les présidents de notre République, Mitterrand et Chirac, se soient bousculés pour gracier Patrick Dills, inculpé en avril 1987, à seize ans, d’homicides volontaires sur deux jeunes garçons, et condamné pour cela à la réclusion criminelle à perpétuité, un an et demi plus tard, après une enquête et un procès bâclés. Peine jamais infligée avant lui à un mineur ! Le malheureux s’est payé quinze ans de prison, où il s’est copieusement fait violer par ses codétenus (il a raconté tout cela dans un livre, Je voulais juste rentrer chez moi, qu’il a signé sans l’avoir écrit, ce travail ayant été fait par Karen Aboab).
Et donc, Hollande n’est pas le premier lâche à la tête de l’État. Cela devrait le consoler de partir quand le chômage commence à baisser. Mais nous sommes habitués, en France, à voir les évènements se produire à contretemps.