Fred et Ginger

Publié le par Yves-André Samère

Si mon titre inverse ces deux prénoms, c’est pour éviter toute confusion : je n’entends pas discourir sur Ginger et Fred, le film de Federico Fellini avec Giulietta Masina et Marcello Mastroianni, mais de dire encore quelques mots sur Fred Astaire, dont le nom est souvent associé à celui de Ginger Rogers.

Tous deux ont interprété ensemble dix films entre 1933 et 1949 (ici, la liste), dont neuf à la RKO, et un seul, en couleurs, à la MGM, The Barkleys of Broadway (en français, Entrons dans la danse), où jouait aussi un acteur français, Jacques François, et dans lequel Fred avait un numéro formidable où il était en concurrence avec... tous les souliers d’un magasin de chaussures ! Voyez ICI, cela dure sept minutes et 29 secondes, et c’est un régal d’humour. C’est de lui le numéro que je préfère, parce que je ne sais pas comment il a fait.

Il faut dire que Fred, comme je l’ai déjà raconté, avait pris sa retraite pendant deux ans, après avoir eu d’autres partenaires, Rita Hayworth, Cyd Charisse et Judy Garland. Mais la MGM réussit à le convaincre de revenir aux studios, et en compagnie de Ginger, avec laquelle il n’avait pas joué depuis dix ans. En réalité, sa partenaire devait être encore Judy Garland, mais celle-ci était déjà sous l’emprise de la drogue, et le producteur Arthur Freed la remplaça par Ginger, changeant aussi le titre prévu pour le film, qui aurait dû être You made me love you, d’après une chanson de la vedette écartée – et il faut avouer que le nouveau titre n’était pas fameux, car il n’évoquait rien. Mais le film fut plutôt bon, avec un beau numéro d’Oscar Levant, le seul pianiste classique ET comique ! (Vous l’avez vu également dans Un Américain à Paris)

On a souvent prétendu que Fred et Ginger se détestaient, mais c’était invraisemblable (pourquoi, dans ce cas, auraient-ils tourné dix films ensemble ?), et ce bobard était une invention des services de publicité des studios. En fait, ils étaient amis. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que Fred possédait une qualité que Ginger n’a jamais eu : la faculté de reproduire exactement le rythme adopté lors des prises de vue. En clair, il s’agissait du fait qu’à cette époque, on ne pouvait pas enregistrer le bruit de leurs pas sur le plancher des studios, car tout était filmé à distance respectable pour capter la vision des corps, et les micros, trop éloignés, pas assez sensibles, n’en saisissaient pas le son. On était donc obligé de réenregistrer à part ce son spécifique. Or, si Fred était capable de reproduire exactement et a posteriori le bruit de ses pas, Ginger ne le pouvait pas. Et par conséquent, c’est Fred qui enregistrait à part le bruit de leurs pas à tous deux (en deux fois, évidemment !).

Le génie de la danse, c’était lui. Et je me marre quand on compare à Fred Astaire ce pauvre Michael Jackson, qui dansait comme un sac de patates.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

C
“J’ai connu Doris Day avant qu’elle soit vierge” l'humour juif newyorkais dans toute sa splendeur, Encore !
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C
Et vu aussi dans "The band wagon" , j'adore Oscar Levant , avec son éternelle cigarette au bec ,qui a dû<br /> le tuer, prématurément à 65 ans mais, pas aussi rapidement que Brel,( vu hier soir sur Fr 3) , mort à 49 ans , avec ses 4 paquets par jours !
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Y
J’ai “The bandwagon” dans ma collection. On savait faire des comédies musicales, à cette époque. Superbe ! Oscar Levant mériterait un festival à lui tout seul. Et quel humour. Il avait dit “J’ai connu Doris Day avant qu’elle soit vierge”. Pas mal... Avec Fred Astaire, il était un ami de jeunesse de George Gershwin.