Pourquoi cette intoxication généralisée ?

Publié le par Yves-André Samère

On ne peut pas me taxer de passéisme. Je possède une dizaine d’ordinateurs, dont deux ou trois sont en panne. Aussi, j’ai eu jusqu’à quatre téléphones mobiles, dont j’ai donné l’un à un cousin, et un autre, un Samsung, est tombé en panne – même si le seul que j’utilise, je ne l’ouvre qu’une fois par semaine en moyenne. J’ai eu trois tablettes, dont une Samsung qui est tombée en panne. Décidément, boycottez Samsung, qui fait une pub forcenée en ce moment pour tenter de faire oublier ses batteries qui prenaient feu. J’ai trois ou quatre lecteurs de DVD, et un enregistreur du même métal. Plus une demi-douzaine d’appareils photo, et trois ou quatre enregistreurs de son. Et un piano électronique, outre un vieux synthétiseur qui ne me sert plus.

Vous en concluez que je suis une sorte de geek, qui déambule en ville, inconscient de tout, au milieu des voitures et le nez collé sur un écran, comme ils le font tous.

Eh bien non, car je ne suis pas intoxiqué par ce que les gens fâchés avec la langue française – par exemple Macron avant-hier chez Barthès – appellent « les nouvelles technologies » (au fait, j’ai cherché ce mot, technologie,  dans deux éditions du Larousse des synonymes, celle de 1977 rééditée en 1987, et celle actuelle, et il ne s’y trouve pas). On doit donc chercher, ailleurs que dans la simple possession des instruments modernes, la cause profonde de cette intoxication. Et c’est le docteur Michel Cymes qui donne la sienne, dans son dernier livre, Votre cerveau. Il écrit ceci :

 

Il y a un lien entre l’ultra-connexion et le besoin d’être aimé. Recevoir des dizaines de mails, d’appels, de messages ou de photos, sur Facebook, Twitter, Instagram ou LinkedIn vous rassure : cela souligne votre importance et votre valeur aux yeux des autres, cela vous convainc que vous existez. Les psychologues ont tranché depuis un moment, l’ultra-connexion ne trahit rien d’autre qu’une ribambelle de peurs : peur de manquer de reconnaissance sociale, peur de ne pas être aimé, peur de ne pas être valorisé, peur de ne pas exister, peur d’être dépossédé de son pouvoir… Cette obsession pour la représentation sociale peut avoir des effets négatifs sur le plan psychologique. Aussi, réfléchissez : vous vous apercevrez vite que l’@mour et les preuves qui vont avec ne se vivent pas par écran interposé. Mais en réel.

 

Oui, il écrit « l’@mour », c’est un homme d’esprit.

(Ah oui, j’ai dit que les demeurés qui ne peuvent se détacher de leurs bidules électroniques étaient intoxiqués. C’est que je me refuse à dire accros, ce qui est une abréviation très bête, et addicts, qui relève du franglais le moins justifiable. Je n’ai rien contre l’anglais quand on a besoin d’un terme qui n’existe pas en français ; mais quand on a un mot disponible dans notre langue, on s’en sert !)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Aujourd'hui, dans une terrasse à l'Estaque, deux hommes d'un certain âge, avé l'assent, se disputaient sur... la vie des abeilles. Ils ont regardé sur leur smartphone "ah, je te l'avais bien dit ... " et ils ont recommencé à se disputer-discuter sur les abeilles, dont leur reproduction (visiblement ils se faisaient du souci), en commentant le texte qu'ils lisaient sur leur téléphone. Là, j'ai trouvé cela plutôt sympathique. C'est bien la première fois.
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