Retape mélenchonienne

Je sortais du Forum des Halles par la Porte Lescot, quand un enfant, un garçon de dix à douze ans, m’a abordé pour me proposer un prospectus (oui, je sais qu’il faut dire « un flyer », mais le jour où un hurluberlu tentera de me faire employer un mot anglais quand ce n’est pas nécessaire, vous l’entendrez de chez vous pleurer sa mère). Gentiment, le gosse me dit que Jean-Luc Mélenchon me propose « un apéro gratuit ». Et, en effet, à quelques mètres de là, quelques quidams ont installé sur des bornes en béton des verres, des bouteilles et des canettes. Et l’un d’eux m’interpelle à son tour, dans le style « Viens chez moi, chéri, y a du feu ».

On ne m’achète pas avec une canette de bière, je suis donc passé la tête haute, et j’ai attendu d’être rentré chez moi pour lire la prose de Méluche, qui, sur la première page, affiche sa bobine souriante, dans une photo prise à la République. Et, sur la quatrième page, il promet monts et merveilles : droit de révoquer un élu en cours de mandat s’il a des ennuis avec la justice, et le rendre inéligible à vie ; instaurer une Sixième République ; éradiquer la misère (non, il ne veut pas « éteindre le paupérisme » après dix heures du soir) ; passer à cent pour cent d’énergies renouvelables ; imposer cent pour cent de produits bios dans la restauration collective (la PDG de Sodexo va se suicider, je le pressens) ; embaucher soixante mille personnes à l’hôpital ; rembourser à 100 % les frais médicaux ; créer trois millions d’emplois; baisser les impôts si on gagne moins de 4000 euros nets par mois ; retraite à soixante ans avec quarante ans de cotisations ; augmentation du SMIC de 173 % ; police de proximité ; allocation d’autonomie de huit cents euros par mois pensant trois ans pour tous les jeunes entre 18 et 25 ans.

Ouf ! Et demain on rasera gratis.

On voit comme tout cela est réaliste, et pas du tout du genre promesse électorale. Pas ça, et pas Mélenchon.