Les errements des ministres macroniens

Publié le par Yves-André Samère

Jean-Yves Le Drian et son patron François Hollande s’étaient gaillardement assis, en bons politiques français, sur la règle décidée par le premier, règle qui interdisait le cumul des mandats. Pour préciser la chose, Le Drian était ministre de la Défense ET restait président de la région Bretagne.

Il avait, à cause de cela, pris en grippe un journaliste de Quotidien, Hugo Clément, qui le suivait partout pour lui poser inlassablement la même question : comment vous arrangez-vous pour rester en équilibre dans cette position illégale ? C’est drôle, cette haine des politiques français envers les journalistes qui s’obstinent à leur poser des questions.

Puis Le Drian, socialiste, a choisi le camp d’en face, celui de Macron, et il est toujours ministre. Mais Macron a eu le mauvais goût de le vider du ministère de la Défense et de le nommer « ministre de l’Europe et des Affaires étrangères », curieuse étiquette qui sous-entend que l’Europe n’est pas à l’étranger. Le Drian en a été furieux, car il tenait à son précédent ministère, et les militaires eux-mêmes auraient voulu le conserver, mais il a dû se soumettre. Et surtout, abandonner son poste de président de Bretagne, le 2 juin, soit plus de deux semaines après sa nouvelle nomination : on devine que la pilule a été dure à gober. Mais Macron ne voulait pas conserver le résultat des promesses non tenues de son ex-patron.

Fera-t-il aussi bien, Macron, avec Richard Ferrand, ministre-sic de la Cohésion des territoires (mais pas de la cohésion des comportements), qui a vendu aux Mutuelles de Bretagne, qu’il présidait, un immeuble qu’il ne possédait pas, et l’a fait attribuer à sa maîtresse ? On se croirait revenu sous Pompidou et le gaullisme immobilier. Ces gens adorent le bon vieux temps.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Oui, pour Le Drian, le Canard dit que Macron ne voulait pas un état dans l'état, avec le ministère de la Défense, car Le Drian était très apprécié par ses troupes. Pauvre homme, victime de son succès.
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Y
Un inconvénient que Jean-François Copé ne connaîtra jamais ! Éric Judor, Frédéric Diefenthal et Thomas N'Gijol non plus.
D
Voyons, Ferrand n'a rien fait d'illégal. De déontologiquement répréhensible, mais qui n'aurait pas profité de l'aubaine ? Seulement des gens qui ont un peu de sens de l'honneur et de probité (gné ? c'est quoi ces mots ?). Ils n'y auraient même pas pensé, ce que des Ferrand auraient considéré comme stupide.<br /> Tout ce que l'on peut souhaiter, c'est qu'il ne soit pas réélu. Là, c'est la porte.
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Y
Ce n’est pas ce que rapportait « Le Canard », qui raconte que l’attribution du local s’était faite sans concurrence. Ce qui, de toute façon, est illégal.
D
Pour cette histoire d'appel d'offres, je crois qu'il y avait deux autres propositions. Mais, d'expérience, je sais ce que cela ne veut pas dire grand chose : on se communique les chiffres avant, on augmente sa proposition pour être le moins disant. Puis, pour un autre chantier, on renvoie l'ascenseur. J'ai travaillé dans une société de BTP, et les jours précédant les remises de dossiers, c'était le branle-bas pour se mettre d'accord. Après, on arrachait les pages du livre des appels (c'était il y a quelques lustres).
Y
Je crois savoir qu’il n’y a eu aucun appel d’offres pour le local vendu aux Mutuelles de Bretagne. Tout est là, d’ailleurs, ce ministre a utilisé sa position de président des Mutuelles pour faire attribuer à sa maîtresse, qui du reste n‘avait pas les moyens de l’acquérir, un bien qui, dès lors, a décroché de la banque tout l’argent nécessaire afin de retaper les lieux. Il a donc profité de sa position pour faire gagner une grosse somme d’argent à cette femme. On n’est plus dans le domaine privé.
D
Il faut sans doute prendre le problème par l'autre bout : ce qu'un homme politique peut et ne peut pas faire dans le domaine privé. Cependant, ce ne peut être valable que pendant leur mandat. On ne peut pas créer des délits qui seraient applicables à tout le monde. Une personne privée peut très bien acheter un local qu'il louera à une organisation qu'il dirige, du moment qu'il y a eu appel d'offres et qu'il est le mieux disant. Comme vous le dites, bon courage Bayrou.
Y
Cette notion, n’avoir rien fait d’illégal, ne tient pas la route. La loi est très loin d’avoir prévu toutes les actions immorales. Toutes les saloperies que dénonce Philippe Pascaud (le père de Panayotis) dans ses trois livres sont permises par la loi. C’est d’ailleurs ce à quoi veut s’attaquer François Bayrou, nouveau ministre de la Justice. On lui souhaite « bien du plaisir », comme disait De Gaulle.