Renaud Camus, pas mon Camus préféré
Il y a deux jours, France Culture a invité Renaud Camus, dans une émission présentée par Alain Finkelkraut, et en opposition à Hervé Le Bras, un démographe très connu, directeur d’études à l’INED (Institut national d’études démographiques). Camus, lui, est un écrivain et polémiste d’extrême droite, ce qui peut surprendre quand on sait qu’il a été membre du Parti Socialiste dans les années 1980-1990. Comme on change !...
Cette émission n’a pas plu à tout le monde, et Radio France a reçu quelque quatre cents messages de protestation. À part cela, je ne sais pas grand chose de Renaud Camus, sinon que, dans sa jeunesse, en 1978, il a publié son premier livre, Tricks, où il racontait ses fredaines homosexuelles – ouvrage préfacé par Roland Barthes, qui était sexuellement du même bord. Mais un des livres de Camus, Le grand remplacement, publié en 2011, considère que notre civilisation est gravement menacée par l’invasion musulmane, ce pour quoi il a d’ailleurs été condamné en justice.
Je ne suis pas intéressé par ce genre d’élucubrations, mais je fais le lien avec le livre d’un tout autre écrivain, Alfred Sauvy (dont je vous parlerai un prochain jour), qui est mort en 1990, et qui était le plus grand démographe de son époque. Or il avait écrit un livre très documenté et pas du tout dans le même esprit, L’Europe submergée. Sa documentation et son raisonnement sont irréfutables, et je regrette que ce grand auteur soit un peu oublié. J’ai aussi une raison supplémentaire de lui accorder ma préférence, car il a été le premier en France à faire la distinction entre technique et technologie.