Lire ou ne pas lire, telle est la question
Le goût de la lecture, c’est comme la langue d’Ésope : selon les circonstances, il peut être la meilleure ou la pire des choses. Et comme j’ai su lire à partir de mes cinq ans, j’ai tout connu, puisque je lisais tout ce qui me tombait sous la main.
Je considère donc avoir accompli trois exploits quasiment olympiques, en venant à bout de trois livres différents.
Sur le podium pour la médaille de bronze : Salammbô, de Gustave Flaubert. Dieu, que ce roman est ennnuyeux ! Ce fut le châtiment de ma quinzième année. J’ai essayé avec deux autres livres de Flaubert, Madame Bovary et L’éducation sentimentale, mais non, rien à faire, cela vous tombe des mains.
Médaille d’argent : Chopin, par Franz Liszt. Écrite en français, car tout le monde parlait cette langue au dix-neuvième siècle. Lue à dix-huit ans, parce que cette biographie m’avait été offerte par une de mes tantes, qui ne l’avait probablement pas ouverte. On jurerait que Liszt avait appris à écrire chez Bouygues.
Médaille d’or : La condition humaine, d’André Malraux. Là, on était obligé de lire deux fois chaque phrase avant de commencer à comprendre ce que racontait ce cuistre.
Fort bien, penserez-vous, mais... et La Bible, dans tout ça ? Oh, je l’ai lue, de A jusquà Z, et ça m’a pris trois ans. Mais ce bouquin prétendu sacré n’est pas l’œuvre d’un seul auteur, ils étaient sans doute plusieurs dizaines, les styles et les thèmes varient constamment, et, entre deux chapitres pouvant tenir lieu de somnifère, on décelait quelques pépites dont la lecture avait de quoi vous plier en quatre, tant elles brillaient par la bêtise. Seul avantage, c’est une excellente méthode si vous voulez devenir athée. Donc, lisez la Bible si un jour vous devez faire un (très) long séjour en asile psychiatrique. Dans le cas contraire, évitez !