Évaluer un Q.I.
Hier soir, faute de mieux, j’ai regardé sur France 2 un téléfilm intitulé Le zèbre, médiateur pour causes désespérées. Il s’agissait d’un type qui, avec l’aide d’une collaboratrice, s’efforçait de remettre en ensemble les couples désunis. Profession libérale, n’ayant aucun caractère officiel. Naturellement, le téléfilm était plus fantaisiste que réaliste.
Il se trouve que ce type, prénommé Romain, était une sorte de Sherlock Holmes, capable de deviner d’où venaient et qu’avaient fait auparavant tous ses visiteurs. Si bien que sa collaboratrice, estimant qu’il était surdoué, le traînait chez un psychologue pour l’en convaincre.
Je précise que je considère la psychologie comme une fausse science, qui, simple branche de la philosophie à sa naissance, a réussi à se faire prendre au sérieux, si bien que même l’Éducation nationale l’utilise. Mais elle prend bien au sérieux également la graphologie, autre imposture ! Passons. Néanmoins, les psychologues officiels doivent suivre une procédure et ne peuvent se permettre de faire n’importe quoi.
Donc, le psychologue incite Romain à passer devant lui des tests visant à déteminer son Q.I. (Quotient Intellectuel). Et il sort de son tiroir quatre feuillets agrafés ensemble, contenant une liste de QCM (questionnaire à choix multiples), chaque ligne étant ornée d’une case à cocher ou non, selon la réponse estimée par le candidat. Romain s’en empare, lit les pages pages l’une après l’autre et coche à toute vitesse les réponses qu’il estime bonnes. En une minute, il a tout fini et tend le résultat au psy, qui, après un rapide examen, en reste baba et déclare qu’il a devant lui un génie.
J’ai souvent, ici même, lancé des pointes vers les scénaristes-dialoguistes du cinéma français, argüant qu’ils traitent tous de sujets auxquels ils ne connaissent rien. Et là, on atteint un sommet, car l’évaluation de son quotient intellectuel par un psy officiel ne ressemble pas du tout à cette caricature.
D’abord, il n’y a pas un QCM, mais au moins quatre tests assez longs, chacun devant être traité en une demi-heure. En général, car l’effort demandé est assez pénible, on étale le tout sur deux jours, à raison d’une heure par jour. Le tout accompli, le psy renvoie son client et étudie les réponses, puis établit un rapport assez copieux et très détaillé, qu’il imprime et remet au client la fois suivante, avec sa conclusion – chaque test ayant été noté individuellement. Ces tests ont porté sur la logique, les mathématiques, l’expression écrite et je ne sais plus quoi encore. Rien à voir, donc, avec les élucubrations vues à la télé.
Mais les psys de cinéma sont encore plus cinglés que leurs clients, c’est bien connu ! Je n’ai jamais vu au cinéma une séance de psychologie ou de psychanalyse qui ne soit pas ridicule. Hitchcock en a filmé trois (dans Psychose, dans Marnie et dans La maison du docteur Edwardes), et aucune n’est crédible.