Plus de boîtes aux lettres !
J’ignore si, dans la localité qui a le bonheur de vous compter au nombre de ses citoyens, vous avez encore à votre disposition ces boîtes aux lettres publiques, de métal jaune et collées sur les murs, qui vous permettent de poster vos lettres à toute heure du jour. Mais à Paris, elles ont disparu !
Hier, je devais poster une lettre, et je me suis aperçu qu’il ne s’en trouvait plus aucune dans mon quartier, et même en dehors de mon quartier. Ayant affaire du côté de l’Hôtel de Ville où j’ai souvent posté des lettres, j’espérais en trouver une que je connaissais bien, mais bernique : on a scellé une plaque métallique pour obstruer les deux fentes permettant jadis d’y insérer notre courrier. Cela ne pouvait pas être un hasard... Certes, il existe encore un site affichant sur une carte l’emplacement des boîtes censées disponibles, mais il est périmé et n’a pas été mis à jour. En avril 2012, on signalait que la Poste avait fait disparaître plus de 3500 boîtes l’année précédente, mais qu’elle le niait, avec son impudence habituelle ! Prétexte : « Le parc évolue de manière continue : des boîtes pas assez utilisées sont supprimées, d’autres sont relocalisées, par exemple là où un nouveau lotissement est créé ». Et pour tout arranger, pour celles qui restent, moins d’une boîte sur cinq est aujourd’hui relevée après 13 heures. Et si la loi encadre strictement l’implantation des bureaux de poste, agences postales et points de contact, pour éviter les « déserts postaux », rien n’a été prévu pour les boîtes aux lettres. « Il n’y a pas d’obligation d’un nombre minimal », reconnaît-on à l’Arcep (Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes). La Poste fait donc comme bon lui semble. Et sur le terrain, de nombreux retraits de boîtes « s’effectuent sans concertation avec les élus locaux ou avec les représentants des usagers ».
Naturellement, je me doute bien que c’est une conséquence de la psychose qui fait des ravages depuis presque trois ans : il est très facile, à un crétin de terroriste, voire à un plaisantin un peu lourd, de détruire le contenu de la boîte, voire d’y glisser un pli explosif. Et donc, quand on ne peut pas protéger un endroit dangereux, la conclusion s’impose : on en interdit l’emploi. De sorte que les seules boîtes aux lettres existant encore sont placées à l’intérieur des bureaux de poste... qui ne sont pas ouverts en permanence, loin de là. En conséquence, on ne peut plus poster de lettres à toute heure du jour et de la nuit, comme naguère. Et, par exemple, entre le samedi à midi et le lundi matin à huit heures. Pratique !
Nous vivons une époque de plus en plus bizarre. Un de ces jours, on nous interdira de respirer, puisque l’air peut être empoisonné par des malfrats un peu portés sur la chimie.