Phobie administrative rentable
J’espère que vous n’avez pas oublié Thomas Thevenoud. Dans le cas contraire, je vous rafraîchis la mémoire : nommé par Hollande dans le gouvernement Valls, il était, depuis le 26 août 2014, secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, du Développement, du Tourisme et des Français de l’étranger. Ouf !... À ce poste, il a battu tous les records de vitesse, puisqu’il a été viré au bout de neuf jours. Pourquoi ? Parce que Médiapart a découvert qu’il ne déclarait pas ses revenus, et ne payait pas ses impôts depuis plusieurs années. De son côté, « Le Canard enchaîné » a publié que Thévenoud ne payait pas non plus son loyer à Paris, et cela pendant trois ans. Il n’a réglé cette dette que sous la menace d’une expulsion.
Afin de justifier toutes ces broutilles, il a déclaré qu’il souffrait de « phobie administrative », une maladie tout à fait inédite au yeux de la médecine.
Mais le cher Thomas ne souffrait pas d’un manque d’ingéniosité, puisque, de ce léger handicap, il a fait un avantage, en déposant, dès le 9 novembre de la même année, cette expression originale, phobie administrative, en tant que... marque commerciale, auprès de l’INPI (l’Institut National de la Propriété Industrielle). Si-si ! Il faut croire que l’INPI n’est pas une administration, et que remplir un épais dossier pour y déposer une « marque » ne provoque aucune phobie.
Il s’ensuit que si un quelconque pékin s’avise d’employer l’expression phobie administrative, il aura une dette envers M. Thévenoud, qui sera habilité à le traîner devant un tribunal pour y exiger un dédommagement. Mais le vulgum pecus s’en est revanché, puisque de petits malins, sur Twitter, ont créé le mot-clé #DéposeTaMarque. À malin, malin et demi !