Crever la gueule ouverte
Pour être franc, je pense que l’espèce humaine ne connaîtra pas la fin de ce siècle. À force d’accumuler les atrocités et de permettre à d’horribles tyrans de renouveler les exploits de leurs prédécesseurs du vingtième siècle, on voit mal comment on ne s’acheminerait pas vers l’extermination générale. Ce qui était l’exception naguère est devenu une sorte de norme dans le siècle actuel.
Voyez comme les plus riches, s’empiffrant à gogo, laissent agoniser les pauvres sans lever le petit doigt ; comme les pays civilisés n’osent pas abattre les dictateurs, par crainte de déplaire à d’autres dictateurs ; comme les barbares ont désormais le champ libre ; comme on honore des religions absurdes pour ne pas froisser des cohortes de débiles mentaux qui croient encore qu’un Dieu bon (« bon », je ris !) va sauver ceux qui ne quittent pas ce qu’ils pensent être le droit chemin ; comme tout ce qui est pourri est donné en exemple ; comme la vulgarité est portée au pinacle partout ; comme le mensonge bouscule la vérité, partout et toujours, et sans que quiconque réagisse.
Oui, l’espèce humaine va crever la gueule ouverte, faute de l’avoir ouverte quand il était encore temps. Voulez-vous que je vous dise : elle l’aura bien cherché.