(N’)embrassez (PAS) qui vous voudrez
Il ne se passe pas un jour sans que, à la radio comme à la télévision, soit invité un chanteur, un acteur, éventuellement un metteur en scène. Et, inévitablement, dans la conversation entre l’invité et le présentateur, est cité un autre artiste, chanteur, acteur, metteur en scène, et tout ce que vous voudrez.
Or, et cela se produit dans cent pour cent des cas, l’invité ou le présentateur ne manque en aucun cas, sitôt que le nom du personnage est cité, d’ajouter, de façon absolument automatique, la remarque « On l’embrasse ».
Bien entendu, l’embrassé par voie des ondes n’est pas présent pour se dire flatté, et remercier. De sorte que ces embrassades fictives, aussi inévitables que la pluie en Bretagne ou la sécheresse à Tamanrasset, restent sans écho de sa part, et que jamais il remercie ou renvoie la politesse. En fait, il n’en aura pas connaissance, si bien qu’on se demande à quoi riment ces marques d’affection qui n’atteignent personne. Étendons un peu notre champ d’action : depuis que nous avons le bonheur d’être gouvernés par Macron, ce type embrasse absolument toutes les personnalités qu’il rencontre. Sans blague ? Vous imaginez De Gaulle embrassant ses visiteurs, tous les chefs d’État ou de gouvernement qu’il rencontrait ? Même Brigitte Bardot, qu’il a reçue à l’Élysée, n’a pas eu droit à cette faveur.
Ces simagrées sont tout à fait horripilantes, par leur automatisme doublé d’une hypocrisie en acier trempé. Car enfin, chacun sait que, dans les milieux tant artistiques que politiques, la jalousie et la haine larvée sont beaucoup plus fréquentes que la bienveillance ou la simple modération.
Et si je méprise les tenants de ces milieux, ces manies sont pour beaucoup dans ma détestation.