Yvette Horner

Publié le par Yves-André Samère

Il faut regretter la mort d’Yvette Horner, survenue hier, alors qu’elle avait 96 ans. Je ne veux pas dire que j’étais fou de son instrument, l’accordéon, mais il avait pour moi une supériorité sur les instruments considérés comme « nobles », le violon et le violoncelle : celle d’incarner un esprit joyeux, alors que ces deux instruments à corde ont le don de vous flanquer le cafard.

En outre, les cinéastes français emploient fréquemment le violoncelle pour musiquer leurs films quand ils veulent vous faire comprendre que ce qu’ils vous content DOIT être pris au sérieux. Ne soyons pas dupes : ce n’est qu’un truc, et pas des plus honnêtes.

 

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

J
Tout à fait d'accord, mais cela risque justement de jouer des tours à cette émouvante, modeste, talentueuse et effacée jeune fille. <br /> Son visage exprime tant de choses. Mais depuis son interprétation du concerto de Grieg au "grand piano compétition" en 2016 (voir notamment le 2eme mouvt) jusqu'à sa dernière prestation visible en Russie le 18 fevrier 2018, elle évolue vers la sobriété. <br /> Or, si le violon est un instrument extraverti, le piano, lui, est un instrument introverti. Pour établir un contact, une communion avec le public présent, il ne faut pas aggraver ce caractère. Il faut se lâcher un peu, il faut laisser l'émotion que l'on peut lire sur ce visage se diffuser, sans aller jamais bien sûr, jusqu'à l'affectation) D'autant qu'en jouant, on ne voit pas le public. Mais l'authenticité de Shio la met, pour l'instant, à l'abri de cela.
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J
"Faire du spectacle" ? Les pianistes sont filmés. Je trouve ça bien; Je ne crois pas un seul instant qu'il entre la moindre parcelle de complaisance ou de comédie dans le jeu de K; contrairement, effectivement, à ce qu'il se passe pour Buniatishvili par exemple. <br /> Je ne crois pas non plus que Lisitsa joue la comédie (c'est son jeu spécial) contrairement à Kissin ou Lang Lang. Je ne crois pas que Matsuev joue la comédie, ni Yuja Wang (malgré ses tenues affriolantes) <br /> Quant à la pianiste géniale en gestation : Shio Okui, c'est la négation même , pour l'instant, de la comédie. <br /> Et donc l'interprétation est une comédie ou pas. .
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Y
Et où se trouve la musique, dans tout ça ? Ce qui s’entend. Pas ce qui se voit.
J
Hi hi..Vous êtes en forme ! (j'ai pas repéré la fausse note) <br /> Je comprends maintenant pourquoi vous parlez de cafard (même en tempérant) au sujet du violon. Pour moi la musique est moins mentale, plus physique, plus sensuelle que ça. Je préférerai toujours les pianistes qui s'investissent, qui s'engagent, qui font quelque chose de personnel (dans le respect de l'oeuvre bien sûr) aux pianistes qui s'effacent, s'abstraient. Je vois des pianistes bougeant, penchés sur leur piano, vivant, et des pianistes distants, figés, hautains, qui pianotent avec des pincettes. Mais les bonzes, non merci ! Parce que figurez-vous que ça passe dans l'interprétation. <br /> Je préférerai toujours - mais je ne suis que mélomane - une musique incarnée à une musique désincarnée, Question de tempérament.
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Y
Justement, la jeune pianiste qui joue la première au gala d’ouverture du sixième Forum culturel international, à Saint-Pétersbourg, est très sobre dans son atitude.<br /> <br /> Et je n’ai jamais prétendu qu’on pouvait séparer la musique de son interprète. Je critique seulement les exécutants qui en rajoutent des tonnes dans la gesticulation, pour se rendre intéressants.
J
Pour moi, on ne peut guère séparer la musique du musicien, l'interprétation de l'interprète. Ce qui ne se voit pas (l'intériorité, la nature intime) transparait, se manifeste dans la personne et dans l'interprétation pour ce qu'il s'agit de l'interprète . Shio (13yo)<br /> https://youtu.be/MkqeLtwhpx8?t=3340<br /> Comme je lisais dans un blog en guise de boutade : on ne joue pas au piano avec les doigts
Y
J’ai cité Horowitz. Or on ne peut pas dire qu’il était distant ou figé, ni qu’il jouait de façon désincarnée ! Simplement, il s’abstenait de tout exhibitionnisme. On n’a pas besoin de faire du spectacle, pour jouer du piano.
J
Merci d'apporter de l'eau à mon moulin préféré - mais là j'opère un déplacement - en constatant que la situation, les circonstances, le contexte ont de l'influence sur la façon dont on va écouter et apprécier un morceau de musique. Et la musique existerait-elle s'il n'y avait pas quelqu'un pour l'écouter. <br /> Et je rejoins un autre de vos articles . On a tendance à isoler, objectiver, (une chose, une personne, une oeuvre d'art) en refusant de prendre en considération tout ce qui l'entoure et notre état d'esprit. Mais on n'est pas de purs esprits. <br /> Yvette Horner, on devine dans quelles circonstances on peut prendre beaucoup de plaisir à l'écouter. Probablement pas à la philarmonie de Paris. <br /> Donc merci, quand même, aux films, documentaires, publicités qui savent mettre en valeur une musique en faisant de cette musique, le sujet principal, et les images, une façon de l'illustrer. Mais on pourrait, on devrait en tirer des leçons.
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Y
Petite erreur de votre part : Yvette Horner est bien passée à la Philharmonie 2, salle de 843 places, qui fait partie de l’ensemble, au 221 avenue Jean-Jaurès. Le spectacle durait trois heures et demie.<br /> <br /> Pour moi, je fréquente assez YouTube, et je compte mettre en ligne un téléfilm produit par Hitchcock, qui n’a jamais été diffusé (c’est le seul), parce que la chaîne l’a trouvé « trop horrible ». Il ne l’est d’ailleurs pas.
J
Le violon ? Flanquer le cafard ? Le violoncelle oui, mais le violon ? Le concerto n5 de Mozart vous flanque le cafard ? Le concerto 1 de Paganini vous flanque le cafard ? Le premier mouvement de la sonate à Kreutzer de Beethoven vous flanque le cafard ? Vivaldi vous flanque le cafard ? <br /> Et le concerto 3 de Saint-Saens me ravit (ah ce 3eme mouvement !) me transporte, il ne me flanque pas le cafard. <br /> Ceci dit, je respecte le cafard;<br /> En plus, (en clin d'œil à un autre article) je n'ai pas du tout le cafard en écoutant et regardant ce genre de miracle : https://youtu.be/dacAUD8YhtA?t=80
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Y
Le premier morceau est franchement obscène. Quant au second, qui comporte une belle fausse note au temps 2:06, il ramène la question que je me pose régulièrement : pourquoi la pianiste se croit-elle obligée de se tortiller comme si elle était assise sur un nid de fourmis rouges ? Pour faire romantique ? On devrait lui montrer quelques vidéos de Vladimir Horowitz, qui ne faisait pas tout ce cinéma.
J
Histoire de donner un exemple de publicité qui met en valeur une musique, et puisque vous aimez Chopin, je mentionne la nocturne 20, ici :<br /> https://www.youtube.com/watch?v=nLNIleyNTfI<br /> cependant, ce passage acquiert plus de densité et de relief, à mon avis,si on l'écoute là :<br /> https://youtu.be/N8S0AX_CwPk?t=29<br /> où l'on remarque, quand même, que la publicité fait un collage.
Y
Tempérons : si le violoncelle donnerait des envies de suicide à ceux qui ont l’imprudence de se trouver dans son champ d’action, le violon se contente de faire crisser des dents à quiconque n’a pas la chance d’être sourd. En fait, je voulais surtout me moquer des auteurs de films qui croient sembler intelligents parce qu’ils sonorisent leurs œuvrettes avec du violoncelle – spécialité très française. Le piano est très supérieur. La preuve : Liszt a corrigé Paganini en transposant sa Campanella afin d’en faire une œuvre pour piano.<br /> <br /> (Et : oui, Vivaldi me flanque le cafard, depuis qu’il compose des musiques d’attente pour les standards téléphoniques)