Abattons ceux qui ne sont pas d’accord !
Le parti macronien – Macron, comme De Gaulle autrefois, déteste qu’on dise de lui qu’il a fondé un parti à sa dévotion, et préfère parler de « mouvement » – compte 312 membres, des députés (aucun sénateur, pour l’instant). Tous obéissant aux consignes de leur idole, bien entendu, sauf... deux, Sonia Krimi et Paul Molac. Par conséquent, 310 députés macroniens, énorme majorité qui veut tout dire, préfèrent abdiquer toute dignité et perdre leur libre arbitre, en léchant les... euh, les bottes de leur sacro-saint patron. Essayez de comprendre pourquoi.
(Au fait, ne me tarabustez pas à cause du mot bottes que je viens d’écrire. Je sais bien que j’aurais pu utiliser un autre mot, de longueur égale et contenant le même nombre de consonnes et de voyelles, comme je l’ai fait récemment avec le mot sot. Mais j’ai eu des parents qui m’ont bien élevé. Fin de la parenthèse)
Mais revenons à nos perturbateurs. Ces deux-là ont osé critiquer en public la défense bidon que Macron a faite pour justifier le soutien qu’il avait apporté au jeune voyou qu’il a si bien choisi dans son entourage pour lui servir de bouclier. Mais le boss a préféré admonester tout le monde, c’est-à-dire que ceux qui l’ont soutenu en ne disant rien se sont entendu remonter les bretelles – seule parade contre la possibilité d’abandonner leur pantalon –, ce 24 juillet, à la Maison de l’Amérique latine. Sans oublier, néanmoins, de menacer les deux rebelles, en ces termes : « Parfois, nous nous sommes trompés à trop surligner nos différences. [...] Nous nous sommes parfois trompés en pensant qu’émettre une voix dissonante était le signe d’une force ». Parle pour toi, Pinocchio ! Ce qu’il a précisé ainsi : « Penser qu’on réussit parce qu’on se décale au moment où un texte est difficile [...] est toujours une erreur. Ça peut être un gain personnel au moment où on le fait, mais c’est toujours une erreur pour le collectif ». Donc, ceux qui le prennent en défaut d’indifférence à l’égard de la démocratie commettent une erreur envers les autres. Et pour mieux couronner le tout, ceci en forme de menace discrète : « Les tireurs couchés d’un jour finissent abattus avec les autres quand ils décident de tirer sur les camarades ».
Merci pour eux, c’est très aimable. Abattons ceux qui ne sont pas d’accord. À quoi l’un des deux députés rebelles avait répondu par avance, c’est-à-dire la veille : « Nous avons fait campagne sur le fait que la politique devait être plus propre, et je m’aperçois que c’est le pire du monde d’avant ».
Ainsi, Macron incarne le pire de la République d’avant lui-même. CQFD.