Plaidoyer pour le landau du passé
Autrefois, les parents baladaient leurs bébés dans une poussette, ou un landau, très haut sur roues. À cette altitude, l’enfant se trouvait tout proche de sa mère, ou de son père, ou de sa bonne s’il habitait Neuilly. Allongé dans une sorte de sarcophage entoilé à ciel ouvert, protégé sur les côtés par un solide garde-fou, faisant face à son pilote, l’enfant se sentait en sécurité. On avait même prévu une capote qui pouvait se rabattre, et qui, comme son nom l’indique, le préservait de la pluie !
C’était trop. Il fallait tout changer.
Aujourd’hui, le bébé est assis, ligoté sur une étroite plateforme juchée sur des roues minuscules, donc située au ras du sol, son nez au niveau des tuyaux d’échappement des voitures automobiles à pétrole pour qu’il n’en perde pas une miette. Il n’a plus aucun garde-fou, si sur les côtés, ni sur l’avant, ni au-dessus. Et il tourne le dos à sa mère (ou à sa bonne, s’il habite Neuilly – voir plus haut). Dès lors, le voilà fonçant malgré lui dans la circulation, un peu comme un skieur qui a perdu le contrôle de ses déplacements, à la vitesse de Son Altesse Sérénissime le prince Albert lorsqu’il se déplaçait en bobsleigh. Plus rien ne peut le rassurer, encore moins le protéger.
Étonnez-vous qu’ensuite, devenu grand et dingue – pardon pour le pléonasme –, il se mette à massacrer ses proches à coups de hache ou de calibre 16 chargé à la chevrotine (calibre 16 également), voire à écouter du rap ou les chansons de Louane, Julien Doré, Nolwenn Leroy, Benjamin Biolay, voire, quelle horreur, de Charlotte Gainsbourg.