Haro sur les cuisiniers !
Les émissions de radio-télés enregistrées en public invitent très (trop) souvent des cuisiniers, qu’on prend bien à tort pour des artistes : on n’est pas un artiste si on ne produit que des œuvres périssables. Si Michel-Ange avait fait en pain d’épices ou en pâte à modeler la magnifique statue de son David, dont seule la copie est exposée devant la façade du Palazzo Vecchio de Florence, où je l’ai vue (l’original est à l’abri dans la Galleria dell’Accademia), croyez-vous qu’on en parlerait encore ?
Or, aujourd’hui, dans La bande originale, son émission quotidienne sur France Inter, Nagui avait invité une cuisinière (au sens de cuisinier, mais au féminin), Hélène Darroze, qui tient boutique dans l’arrondissement le plus cher de Paris, le sixième. Une vraie casse-pieds, qui a produit à la chaîne – et au micro, hélas – une quantité prodigieuse de « Voilà ! », et qui a sorti cette perle : selon elle, dans sa spécialité, les femmes cuisinent avec leurs sentiments, tandis que les hommes le font avec leur technique. Les cuisiniers mâles devraient la traîner en justice pour délit de sexisme.
Mais cette manie d’inviter des cuistots richissimes sévit partout. Je vous parie qu’après avoir été invitée chez Nagui, la mère Darroze ne tardera pas à être conviée chez Bern, puis chez Barthès, jusqu’à ce qu’elle ait épuisé la liste des passeurs de plats – ce qui tomberait bien, pour une fois. Ces cuisiniers en vogue sont pires que les footballeurs.