Réhabilitons les instituteurs !
A-t-il existé, dans l’histoire récente de la France, une imposture plus impudente que celle consistant à rebaptiser les noms de métier ? Naturellement, sans chercher trop longtemps, vous allez trouver des kyrielles d’exemples de cette escroquerie médiadico-gouvernementale. Vous pouvez m’en proposer en commentaires, mais celle qui m’agace le plus, c’est celle qui a consisté à renommer les instituteurs en « professeurs des écoles ».
Réfléchissons un instant : aucun instituteur ne peut prétendre au titre de professeur. Le travail n’est pas du tout le même, les élèves n’ont pas non plus le même âge, et les connaissanecs exigées pour l’exercice du métier sont très différentes. Pour ne retenir que ce dernier point, un professeur doit avoir une culture assez étendue, alors qu’un instituteur peut posséder un niveau de connaissances bien moins élevé, mais, en contrepartie, il DOIT avoir du savoir-faire, de l’expérience professionnelle – qualité dont la majorité des professeurs se passe aisément, car il leur suffit de connaître le contenu de ce qu’ils ont besoin de communiquer, quand bien même ils ignoreraient à peu près tout de la manière dont ils doivent le faire.
Il faut avoir vu un instituteur au travail pour constater qu’avant tout, ces professionnels savent parler aux enfants, ce qui ne s’acquiert qu’avec le temps. Je crois avoir écrit quelque part qu’un instituteur est très proche d’un acteur, il lui est même supérieur en ce sens que, dans ce métier, on est aussi l’auteur de son texte, que ce texte est renouvelé tous les jours, et que l’instituteur est en scène six heures par jour, ce qu’aucun acteur n’est capable de faire !
Osons une énormité : pour être instituteur, il faut posséder une foule de talents que la plupart des acteurs n’ont pas ! Et les qualifier de « professeurs » en vue de reconnaître leur mérite (et éviter de les payer mieux, surtout !), c’est une manière de se payer... leur tête.
Ils méritent mieux que cette médaille en chocolat.