Shakespeare est-il mort ?
Ce matin, aux aurores (à six heures dix), Arte a diffusé un documentaire tiré de l’autobiographie de Mark Twain, Is Shakespeare dead? Ce film adopte la théorie de Twain, qui ne croyait pas que Shakespeare l’acteur (connu dans sa petite ville sous le nom de « Shakspere »), était l’auteur des pièces de Shakespeare, le dramaturge. À vrai dire, Twain n’était pas le seul à penser ainsi, puisque nombre de célébrités ont partagé son opinion, avec quelques raisons : Henry James, Walt Whitman, Charles Dickens, Ralph Emerson, Orson Welles, Leslie Howard, Tyrone Guthrie, Charles Chaplin, John Gielgud, William James, Sigmund Freud, Clifton Fadiman, John Galsworthy, Mortimer J. Adler, et un tas de célébrités moindres.
Pourquoi ? Pour deux raisons principales !
Et d’une, Shakespeare n’a laissé aucune trace, ni de sa vie, ni de son œuvre supposée. Pas le moindre échantillon de son écriture, aucun portrait, aucun témoignage de ceux qu’il aurait dû connaître, rien ! Nul, de son vivant, n’a parlé de lui, alors qu’il aurait dû être illustre. Et de deux, ses œuvres prouvent qu’il connaissait à fond les lois, celles de son pays, celles de la France, celles de l’Italie, les langues qu’on y parlait, sans compter les soubresauts politiques qui ont agité ces pays, l’histoire d’Angleterre, et une partie de l’histoire de France, dont le massacre de la Saint-Barthélémy. D’où aurait-il pu tenir un savoir aussi encyclopédique ? En outre, les nouvelles pièces de théâtre de Shakespeare ont cessé de naître dès que Francis Bacon, homme politique célèbre, a été nommé chancelier général. On a remarqué aussi que les pièces de théâtre en question n’ont jamais été publiées du vivant de Shakespeare ni à sa mort en avril 1616, mais seulement quand Francis Bacon, tombé en disgrâce auprès de la reine Elisabeth, a quitté son poste de chancelier général, et que leur publication a repris après cette disgrâce, en 1622 – donc publication posthume –, lorsque ce haut personnage n’avait plus d’activité publique, juridique et politique.
J’ajoute que j’ai possédé naguère un petit livre, publié à l’époque de l’acteur Shakespeare, où des indications très précises dissimulaient que le nom du véritable auteur de ces pièces était codé, et proclamaient que Bacon en était bien l’auteur. Malheureusement, retrouver ce livre dans mon fouillis personnel est une épreuve que je suis incapable de mener à bien ! Néanmoins, ce texte était très convaincant, et je crois aussi que Francis Bacon se cachait bien derrière le dramaturge.
Je précise que cette conviction n’a rien à voir avec les opinions fantaisistes du genre « Corneille a écrit les pièces de Molière » !