Balladur et Baladur

Publié le par Yves-André Samère

Un humoriste passablement démonétisé, qui ne trouve plus guère d’engagements en province, s’en était pris, naguère, à Jean-Louis Debré : il avait raconté que les spectateurs appréciaient cet ancien ministre de l’Intérieur, parce qu’ils « aimaient rire ». Autrement dit, Debré était un idiot congénital (puisqu’on raillait déjà beaucoup son père, Michel Debré, tête de Turc du « Canard enchaîné »).

Or il suffisait de lire les livres de Jean-Louis Debré, qui a tout de même été juge d’instruction avant de se lancer en politique, pour constater le contraire. Pour ma part, j’ai lu trois de ses cinq romans policiers, Le curieux, paru en 1986, Meurtre à l’Assemblée, paru en 2009, et Jeux de haine, paru en 2011. Or, ce qui est « curieux », justement, c’est que le premier, dont le titre en argot désigne un juge d’instruction (parce qu’il pose des questions), contient quatre pages parlant d’un personnage de prostituée nommée... Josiane Baladur – oui, avec un seul L. Et chacun en a conclu que Debré voulait ridiculiser Édouard Balladur, avec deux L. J’ai donc lu Le curieux, et constaté que cette Josiane, simple témoin dans une affaire qu’instruisait le personnage de juge d’instruction qui était le narrateur du récit, disparaissait trois pages après son apparition, par suicide ! Et les rares lecteurs de ce livre en avaient conclu que Debré voulait railler Balladur. Par ailleurs, ce roman est imprégné d’une foule de détails révélant que son auteur pense plutôt... à gauche !

Il se trouve que je suis en train de lire un livre de souvenirs politiques de Jean-Louis Debré, Tu le raconteras plus tard, livre pas très folichon, mais où se trouve le passage suivant : « Le bureau du groupe se déroule sans problème, en l’absence de Balladur. Il boude à cause du roman policier que j’ai écrit lorsque j’étais juge d’instruction et publié en 1986. Un journaliste, dix ans plus tard, a découvert ce livre et l’un de mes personnages qui s’appelait Josiane Baladur. Il en a parlé à la radio, ce qui a déclenché la mauvaise humeur de l’ancien Premier ministre ».

Rien de plus, mais Debré traîne cette histoire depuis 1996, ce qui n’a pas entamé sa bonne humeur. Comme quoi, il a de l’esprit et n’est pas si bête !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
J'aime bien JL Debré, d'autant qu'il est pratiquement le seul à continuer à fréquenter Chirac, qui est gravement diminué. Maintenant qu'il est libéré de ses fonctions, donc de la réserve qu'il a scrupuleusement respectée, il fait preuve d'un humour et d'une causticité qui font plaisir à voir.
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Y
Oui, Debré a de l’humour, qu’il exprime surtout dans les émissions de radio-télés. Il faut dire que, lorsqu’il présidait le Conseil constitutionnel, il ne pouvait rien dire.<br /> <br /> Chirac a déménagé, il a quitté le Quai Voltaire pour se faire héberger, comme à son habitude, chez un ami, François Pinault, qui à une résidence en face du Sénat, et qui le loge à Saint-Tropez en hiver. Il ne pouvait pas habiter chez Line Renaud, sa seule amie, car elle vit à la campagne !