Causons français !
On a beau faire attention, quand on écrit, on finit TOUJOURS par faire une faute, d’inattention, d’ignorance, de tout ce que vous voudrez. Voici un assez bon exemple.
Je suis en train de terminer le dernier roman d’Amélie Nothomb, Soif, dans lequel elle parle à la place de Jésus au moment où il est crucifié. Je reconnais bien volontiers que la chère Amélie sait écrire – bien mieux que Houellebecq, ce qui ne doit pas être difficile. Or, arrivé presque aux trois quarts du livre, je trouve cette perle : « Si étrange que cela puisse paraître, je sens que je pourais m’effondrer, ce qui signifie que je ne le suis pas ».
Ce laïus me rappelle cette blague que j’avais faite, d’après un autre écrit assez ancien, où un personnage que j’ai tout autant oublié disait : « Je ne suis pas espagnol mais je le parle couramment ». Ou quelque chose dans ce goût-là. Or j’avais noté que cette phrase ne voulait rien dire, parce que le pronom le, vers le fin de la seconde phrase, ne remplaçait aucun nom cité auparavant ! Impossible d’admettre qu’il remplaçait espagnol, puisque, en l’occurrence, ce nom désignait la langue espagnole, et que le personnage n’aurait jamais pu prétendre qu’il ne l’était pas ! Lui-même n’était évidemment PAS la langue espagnole.
Je crois que cette figure de style doit avoir un nom, mais j’ai oublié lequel. Il va falloir que je pose la question à mon grand ami Alain Rey, lui, il sait tout !