La mer la plus polluée du monde
En avril 2018, Arte a diffusé un documentaire intitulé La Méditerranée va-t-elle passer l’été ? On peut douter que la réponse à cette question soit jamais positive, car, tout autour de cette mer, la situation s’aggrave. Le littoral, presque partout, a été bétonné, les touristes envahissent chaque morceau de plage, empruntent des paquebots géants qui polluent l’eau, et les gens riches font bétonner à tout-va la moindre parcelle de côte encore vierge (notre Bernard Arnault, le saint homme, n’est pas le dernier, et n’est pas le seul) en construisant partout des marinas aussi géantes que laides.
Il faut savoir que la Méditerranée est encore plus fréquentée que la Manche par d’énormes containers venant d’Asie. Et les pays limitrophes ne font rien, corruption aidant, pour arrêter le massacre : au contraire, ils construisent un peu partout des usines chimiques, comme chez nous celles de l’étang de Berre, ou, en Tunisie, le Golfe de Gabès, entièrement pollué aux phosphates et dont les riverains étouffent sous les vapeurs d’acide. Bien entendu, comme partout, les politiciens locaux se remplissent les poches en vendant les rares terrains libres, et lorsque les terrains viennent à manquer, on en gagne sur la mer, en remblayant avec... des ordures : la ville de Beyrouth, au Liban, déverse 750 tonnes d’ordures par jour, et cela peut culminer au double de cette masse.
Évidemment, les pêcheurs constatent que le poisson disparaît un peu partout, et ne peuvent plus travailler. Les hôpitaux, eux, se remplissent de malades atteints de toutes sortes de maux inédits que les médecins sont incapables de traiter. Et lorsque un tanker fait naufrage non loin de la Grèce, la marée noire envahit les plages proches d’Athènes. Quand on sait que tout ce qui est jeté à la mer y reste pour au moins un siècle, puisque la Méditerranée est une mer quasiment fermée, le problème est définitivement insoluble !
Alors, aucun espoir ? Ne reste-t-il plus aux citoyens que la révolte violente contre leurs gouvernants, à commencer par les nôtres, qui, partout, se croisent les bras ?
Il reste pourtant un coin de la Méditerranée qui est un peu à l’abri et pourrait servir d’exemple : la Corse ! Eh oui. Dans l’Île de Beauté, comme on la surnomme, la population et les élus refusent cette société du pognon à tout prix, et veillent à interdire tout bétonnage des côtes, et toute industrialisation excessive et polluante. Ils donnent en exemple le fait que les abords de la Corse abondent en posidonie, cette plante maritime (ce n’est pas une algue, mais une plante à fleurs) qui se reproduit grâce aux fruits qu’elle donne. Il en existe aussi en Australie. Mais des voix s’élèvent aussi contre elle, car les eaux sont si pures (eh oui !) que cette plante a tendance à envahir aussi les plages, et certains commencent à s’en plaindre.
Décidément, tout va mal.