Une « passion » française

Publié le par Yves-André Samère

Il y a quelques jours, j’ai entendu, sur ma radio favorite, un type qui, pour une fois, ne proférait pas uniquement des âneries. Son propos consistait à critiquer ce qu’avait dit Blanquer un jour où il avait oublié d’utiliser son cerveau de ministre : le mini de l’Éduc’ nat’ avait affirmé qu’il était indispensable, dans les écoles, de renforcer l’enseignement du français (là, rien à dire) en remettant à la mode la fameuse dictée, reine des travaux forcés à l’école primaire.

Or l’intervenant franceinterien avait exprimé son désaccord : ne pas faire de fautes d’orthographe n’a jamais signifié autre chose que de prouver qu’on était bon en dictée !

Eh bien, au risque de vous stupéfier, je suis d’accord, car l’orthographe n’est pas l’indice d’une culture solide. Les preuves existent, mais je ne fournirai qu’un exemple que je connais assez bien : nous avons en France un écrivain-journaliste, dont j’ai lu tous les livres, François de Closets. Ils sont remarquables de documentation, et pleins de bon sens. En passant, moralement, Closets est un homme irréprochable, qui est membre d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), et qui a été viré de la télé en 1968. Une décoration plus authentique, soit dit en passant, que la Légion d’Honneur collée à des chanteurs de variétés.

Mais, pour en revenir à mon sujet du jour, Closets a publié en 2009 un livre, Zéro faute : L’orthographe, une passion française – que j’ai lu –, où il avoue être... absolument nul en orthographe, et ce depuis toujours. Au point qu’à l’âge de quatorze ans, il a été jugé inapte à poursuivre des études supérieures !

Sachant ce qu’a été sa carrière littéraire, il doit bien rire aujourd’hui.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Oui, ce sont deux chroniqueurs belges qui ont démontré que l'orthographe était une "passion" récente, car elle a une visibilité évidente, et permet d'évaluer les élèves non sur le fond, mais sur la forme. Ce qui est plus facile.<br /> Pour ma part, j'ai toujours été très bonne en orthographe... et nullissime en grammaire ! Je n'ai jamais retenu une règle (et ses multiples exceptions), car je n'en voyais pas la nécessité. Résultat, 19 de moyenne en orthographe, 5 en grammaire, et 14 en "rédaction" tout au long de mes études secondaires. Donc, je confirme ce que l'on disait à l'époque "l'orthographe est la science des ânes".
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Y
Pivot avait raison de lutter pour que l’on garde l’accent circonflexe. Je ne sais pas s’il a aussi combattu pour le tréma. Il faudrait, pourtant.
D
Oui, la forme soutient le fond, mais ne doit pas être le critère principal. Un professeur de français retirait un point ou deux aux dissertations qui avaient trop de fautes d'orthographe. En vue de l'examen du bac français. Bonne mesure, qui sanctionnait, mais la note pouvait être bonne malgré tout, en privilégiant le fond.<br /> Car "elle est venue à bout d'une tâche difficile" ou "elle est venue à bout d'une tache difficile", n'ont pas du tout le même sens ! Là, la forme est importante.
Y
Les règles de grammaire obéissent à une logique, ce qui ne peut pas faire de mal, et elles ont une utilité : rendre cohérent le discours ! Combien de fois ne lit-on pas une phrase dont l’auteur, inconsciemment, parvient à écrire le contraire de ce qu’il avait l’intention d’exprimer ? J’ai donné des exemples. Bref, la forme est le soutien du fond.