Artistes ou salauds ?

C’est assez étrange, la différence de traitement dont font l’objet les artistes, selon qu’ils sont écrivains ou cinéastes.

S’ils sont écrivains, on les porte aux nues, on leur tresse des couronnes, et ils deviennent intouchables... sauf exception comme ce fut le cas pour Robert Brasillach, qui, ayant été foncièrement fasciste et collaborateur durant l’Occupation nazie en France, n’a pas échappé au peloton d’exécution en 1945. Mais les autres sont passés entre les mailles, et certains restent des idoles pour leur public. Voyez plutôt Louis-Ferdinand Céline, toujours idolâtré, bien qu’il s’est montré aussi haïssable que Brasillach.

Et puis, à l’opposé, il y a les cinéastes. Je ne vais pas revenir sur le cas de Polanski, individu ignoble, violeur de gamine, mais qui n’a eu aucun rôle en politique. Mais voyez plutôt Elia Kazan et Edward Dmitryk, accusés d’avoir dénoncé leurs collègues pour communisme, ou Leni Riefenstahl : cette ancienne danseuse devenue cinéaste (de talent, c’est incontestable), et qui a eu le tort de filmer favorablement les athlètes allemands dans un très beau film, que j’ai vu, Triumph des Willens (en français, Le triomphe de la volonté), dont elle avait écrit partiellement le scénario et qui avait été filmé par vingt caméramen, puis Les dieux du stade, double documentaire sur les Jeux olympiques de 1936, se l’est vu reprocher toute sa vie, traînant perpétuellement le reproche d’avoir été nazie, si bien qu’entre 1954, elle n’a pas du tout travaillé.

Deux poids, deux mesures.