Molière au Panthéon ?
Ce matin, la radio nous apprend que l’acteur Francis Huster veut interpeller Macron afin que Molière entre enfin au Panthéon.
Certes, certes, mais ce beau projet, acceptable dans son principe, se heurte à un petit obstacle. En effet, tous les Français qui s’intéressent à Molière et le considèrent comme un géant de la littérature signeraient des deux mains (et dès demain) une éventuelle pétition réclamant cette entrée du dramaturge au temple des artistes et autres célébrités français. Or cet obstacle est matériel. En effet, on ignore où se trouve le corps de Molière ! Comment, dès lors, organiser pratiquement ce transfert ?
Vous me direz sans doute que ce devrait être facile : il suffirait d’aller au cimetière du Père-Lachaise et d’extirper le corps de son tombeau actuel, qu’il partage avec son ami La Fontaine, pour le transférer au bon endroit. Hélas, les mêmes admirateurs de Molière savent que ce tombeau est vide et n’est jamais qu’un cénotaphe. La chose n’est d’ailleurs pas rare, puisque ces tombeaux vides pullulent : c’est le cas de Dante, de Jean Moulin, de Louis IX (dit « saint » Louis), de Lully et de Rossini.
Rappelons que Molière avait été enterré (de nuit) au cimetière Saint-Joseph, proche de son domicile privé, rue de Richelieu, à deux pas de la Comédie française. Or ce cimetière a disparu, et la tombe de ses résidents n’existe plus.
L’opération ne serait pas un scandale, mais il suffirait que la vérité se répande pour que ce transfert tourne au ridicule. Évitons les bourdes médiatiques, nous en constatons suffisamment, et chaque jour.