Mes chansons « préférées » ?
J’aimerais assez être invité dans une de ces émissions où le passeur de plats (Barthès, Nagui, Bern...) vous cuisine avant la diffusion, pour vous demander quelle est (ou quelles sont) vos chansons préférées – ces crétins disent « Celle que vous écoutez en boucle ». Plutôt que de citer des titres en anglais, comme ils le font TOUS, je me régalerais à répondre que, de chanson, je n’en aime aucune.
Bien entendu, ce ne serait pas tout à fait sincère, mais je n’aurais aucun scrupule à mentir à ces pitres, qui se copient les uns les autres et suivent cette mode ridicule pendant des mois, voire des années, avant d’imaginer une autre interrogation aussi importante.
En réalité, je n’écoute aucune chanson, et ne vois pas l’utilité de le faire, attendu que, mes musiques préférées, je les choisis dans le classique ou le jazz, de Bach à Gershwin. Et je ne pense pas que les grands compositeurs, sauf s’ils écrivent des opéras (ou si, comme Beethoven, il leur a pris la fantaisie de coller un poème, l’Hymne à la Joie, dans le quatrième mouvement de leur œuvre la plus aboutie), ont écrit beaucoup de chansons.
Ou alors, si on me poussait dans mes derniers retranchements, je me rabattrais sur Brassens, avec La fessée, Le roi, voire Le gorille, ou celle-ci, que vous ne connaissez certainement pas, et dont je n’ose écrire le titre, car Brigitte Macron me lit certainement. Mais le public de ces émissions, qui n’entend que du rap en croyant que c’est de la musique, ne saurait même pas qui était Brassens, le seul auteur francophone qui n’a publié aucune médiocrité. Et s’il en a écrit, il les gardait pour lui !