Tout savoir sur le Sacré-Cœur !

Publié le par Yves-André Samère

Qu’est-ce que le Sacré-Cœur ? Pour la quasi-totalité des Français, et surtout pour les incroyants – tous voués à l’Enfer, bien entendu –, c’est cette basilique assez laide, construite au sommet de la plus haute colline de Paris, à cent trente mètres d’altitude, et dans un quartier aujourd’hui envahi de commerces impies. Mais le nom et la notion de Sacré-Cœur ?

Eh bien, sachez qu’ils ne datent que du dix-septième siècle, donc tout à fait étrangers aux origines de la religion chrétienne, et qu’ils ont été imaginés à Paray-le-Monial, à l’initiative d’une religieuse curieusement nommée Marguerite Marie Alacoque (non, ce n’est pas une plaisanterie de mécréant). Elle avait prétendu que Jésus lui aurait demandé, à elle qui n’était qu’un « abîme d’ignorance et d’indignité » – c’est elle qui l’a dit, et elle devait bien savoir ce qu’il en était –, de « répandre les flammes de la charité » [sic].

En 1856, le pape Pie IX, bien que réticent à l’égard de ces fadaises mystiques, lui donna le feu vert, posthume puisqu’elle était morte en 1690, en étendant à toute l’Église catholique la fête du Sacré-Cœur. Et la concrétisation ne tarda pas, puisque, seulement quatorze ans plus tard, c’est l’empereur Napoléon III qui décida, donc en 1870, de faire édifier une basilique, alors que lui-même, après sa défaite contre la Prusse, était emprisonné à Sedan pendant que Paris était occupé par les troupes teutonnes, et que les Parisiens commençaient à crever de faim (ils sont allés jusqu’à manger des rats et... l’éléphant du Jardin des Plantes !). Et quand on crève de faim, on se tourne vers la religion, normal.

Très vite, l’archevêque de Paris, le cardinal Guibert, pousse à la roue et décide, en 1872, qu’on construira la basilique, dédiée au Sacré-Cœur de Jésus, au sommet de la butte Montmartre. Il faut dire qu’il avait eu une apparition en se promenant dans le quartier, donc il avait une excellente raison. Et comme l’église était qualifée d’utilité publique, on commença en expropriant les propriétaires des terrains où la construction était prévue. Mauvais pioche, ledit terrain était passablement meuble, et il fallut consolider le sol, comme on dut le faire pour le Grand Palais, construit à partir de 1897, trop proche de la Seine et menacé par les eaux du fleuve. Ce qui prit, comme disait Fernand Raynaud, « un certain temps ». Mais il fallait bien remercier Dieu d’avoir débarrassé la capitale des Prussiens, et surtout de la Commune de Paris ! Ce pour quoi les Français de gauche détestent la basilique du Sacré-Cœur.

Au fait, admirez le hasard, que je n’ose qualifier de providentiel : tout près de là se trouve la rue du Chevalier-de-la-Barre, du nom de ce garçon de dix-neuf ans qui a été condamné à mort, dit-on, pour avoir refusé d’ôter son chapeau au passage d’une procession. Il a été exécuté, Voltaire a pris sa défense, mais trop tard.

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