Puisqu’on PEUT le faire...
Une tendance agaçante chez les gérants de magasins d’alimentation : de plus en plus, les caissières sont remplacées par des automates où le client doit tout faire. Génial, comme on dit dans les cours de lycées !
Cela se passe ainsi : le client se présente devant un écran et doit, soit taper sur des images qui représentent les divers articles qu’il a pris dans les rayons (mais il y a une limite, tous les articles ne sont pas représentés), soit scanner le code barres imprimé sur l’emballage, ce genre de choses tellement poétiques que vous n’avez pas pu rater, bande de veinards.
Naturellement, on comprend les patrons : cela permet de se passer le plus possible de caissier et surtout de caissière – elles sont en majorité –, ces petits salauds étant budgétivores. Mais il y a un revers de la médaille.
Oui, car le hic est le suivant : si vous avez choisi de rapporter chez vous des fruits ou des légumes en vrac et les avez mis dans un sac, ledit sac ne comporte évidemment aucun code barres. Et la caissière ne connaissant pas les prix est obligée de quitter son poste pour aller voir sur place combien coûtaient vos pommes de terre ou vos grappes de raisin. Elle passe donc la moitié de son temps à galoper un peu partout dans le magasin.
Bon, ça fait faire un peu de sport à ces parasites. Donc tout va bien, sauf du côté du client, qui a dû attendre que la caissière ait repéré le bon rayon et soit revenue de son expédition.
Je suis certain que ce système, dans la droite ligne de la « digitalisation », comme disent les médias et les hommes politiques (groupes humains où l’on ne connaît pas encore le mot numérisation), aura beaucoup de succès, tant il est bête : il rappelle le crédo bien français, « On peut le faire, donc on va le faire ». Souvenez-vous du Minitel, du Concorde ou du procédé Secam.