Un conseil de Molière

Publié le par Yves-André Samère

« Que faire donc quand on est malade ? », demandait Argan, malade imaginaire, à son frère Béralde. À quoi Béralde répondait « Rien ». Il est vrai que le cher frère ne croyait pas à la médecine de son temps, car, à l’époque de Molière, les médecins ne brillaient pas par le savoir, et se contentaient de prescrire, à leurs patients, des saignées, des purgations et de l’eau chaude.

Aujourd’hui, si on veut bien laisser de côté les docteurs Dukan et Saldmann, qui n’en savent guère plus que naguère Rika Zaraï, les médecins réclament bien davantage de leurs patients. Ainsi, pour la bricole de santé qui m’occupe actuellement, j’ai eu et j’aurai à suivre le programme suivant :

- une prise de sang dans un laboratoire d’analyses (un seul déplacement, puisque le résultat m’est communiqué par Internet) ;

- une visite chez ma cardiologue, hélas plus loin que l’Arc de Triomphe (trajet en métro depuis la station Châtelet, riche en escaliers et en couloirs interminables – c’est la plus grande gare souterraine d’Europe), pour avoir une attestation jurant qu’une anesthésie ne me tuera pas. Je sens que je vais changer de cardiologue ;

- une échographie à faire au centre médical Réaumur (trois déplacements, en théorie : un pour prendre rendez-vous, un pour faire l’examen, un pour aller chercher le compte-rendu, mais j’ai insisté pour que ce dernier me soit remis dans la même demi-journée, et on ne m’a fait poireauter qu’une heure et demie) ;

- une entrevue à l’hôpital Port-Royal avec un anesthésiste, le genre de médecin casse-pieds qui craint toujours le procès si son patient est pris d’un malaise ;

- une hospitalisation six jours après, pour une intervention chirurgicale (au moins deux jours d’hôpital).

Mais rions un peu. Lorsque, ce matin, après une attente à vous rendre fou, on m’a enfin remis les résultats de mon échographie, j’ai eu ce bref commentaire : « Ouf ! J’ai bien cru que ce compte-rendu avait été bloqué par un 49.3 ». Le croiriez-vous ? Personne n’a ri, ni les autres patients en attente, ni le personnel du secrétariat. L’humour satirique se perd.

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