Enfin confirmé par une voix célèbre !
Thomas Legrand est chroniqueur sur France Inter, et il lit son papier chaque matin à 7 heures 44. Il a beaucoup de talent, et il sait varier ses sujets. Mais, ce matin, j’ai dressé l’oreille, car il abordait pour la première fois un thème que je traite ici assez souvent : l’irritante manie des médias et des hommes politiques, consistant à remplacer l’adjectif capable par l’expression en capacité.
Lui n’a vu, dans l’emploi de cette façon de parler, que l’innocent souci de préciser sa pensée, quand, de mon côté, je n’y vois que le snobisme consistant à ne pas parler comme le commun des mortels ; comme le peuple, comme, tous comptes faits, les auditeurs, ainsi considérés comme des ploucs, pas fichus de s’élever au-dessus des élites, composées, elles, de gens vachement plus cultivés que les en-haut d’en-haut, ainsi qu’on dit en Afrique.
Legrand a eu au moins le mérite de noter au passage que ce n’est pas ce grand donneur de leçons qu’est Macron qui a ouvert le feu, mais Ségolène Royal, qui n’est pas (ne se prend pas pour) n’importe qui, puisque, selon lui, elle a commencé en 2007 ! Pour ma part, moins rapide que la (très) chère Ségolène, mais plus prompt à réagir, je n’ai mentionné pour la première fois l’utilisation abusive de cette expression – que rien ne justifie et qu’aucun ouvrage de référence ne valide – que le 2 septembre 2011.
L’obscur scribouillard que je suis n’a donc aucune supériorité sur la gent journalistique à laquelle appartient Thomas Legrand, sauf, peut-être, le fait d’être parfois un peu plus attentif et plus rapide qu’elle. Après tout, bien des fois, j’ai grillé les Guignols de Canal Plus et « Le Canard enchaîné » lui-même !