Méfaits de Giscard

Publié le par Yves-André Samère

Giscard n’était pas un saint ! Il a commis pas mal de saloperies. Voici trois de ses saloperies, toutes trois pouvant être ramenées sous la bannière de son égoïsme et de son indifférence aux sort des autres.

Il n’a jamais hésité à écarter, parfois très violemment, les gens qui le gênaient. Et voici deux exemples.

Lorsque Bokassa, dont il avait facilité la fumisterie de son accession à l’empire sous le nom de Bokassa Ier (bouffonnerie commentée sur place par Jean-Pierre Elkabbach), s’irrita de ce que Giscard avait eu une aventure avec sa propre femme Catherine, le nouvel empereur cessa d’être un « cher cousin » et devint illico un ennemi qu’il urgeait de renverser. Par la même occasion, l’écrivain-journaliste français Roger Delpey, soupçonné d’avoir renseigné « Le Canard enchaîné » sur l’affaire véreuse des diamants offert à Giscard par Bokassa, fut promu homme à abattre. Naturellement, il ne s’agissait pas de l’abattre réellement, car nous étions en France, mais Giscard trouva le moyen, en 1981, de le retirer de la circulation en le faisant jeter en prison pour six mois, sous le fallacieux prétexte qu’on avait vu Delpey sortir de l’ambassade de Libye, prétexte bidon qui permit de le mettre à l’ombre en l’accusant d’espionnage. Malheureusement pour Giscard, la sanction, illégale, n’avait rien de définitif, et Delpey, une fois libéré, publia trois livres le mettant en cause, La manipulation, en 1981, puis Prisonnier de Giscard, en 1982(je n’ai lu que les deux premiers), et Affaires africaines, en 1985. Bokassa paya sa faute en étant renversé par les soldats français, et finit en exil, d’abord à Abidjan, puis en France, où il possédait un château !

L’autre saloperie de Giscard a été d’engager le cinéaste et grand photographe Raymond Depardon afin qu’il réalise un documentaire sur sa campagne électorale de 1974, à l’issue de laquelle Giscard fut élu président de la République. Mais, contre toute attente, le nouveau président interdit que ce film, Une partie de campagne, soit diffusé, ou même vu, et décréta un embardo total, qui dura... vingt-huit ans, puisque le film ne parvint à être vu en salles qu’en 2002 ! Depardon, traité comme un mauvais amateur, en souffrit beaucoup, mais s’abstint d’en faire un sujet de polémique. On l’avait tout de même empêché d’exercer son métier et on le privait de ses moyens d’existence. Mais Giscard, l’homme de la censure qui devait, très vite, supprimer la censure cinématographique, ne s’est jamais expliqué.

Enfin, suprême saloperie, Giscard, qui se prétendait adversaire de la peine de mort, a laissé exécuter Christian Ranucci, ce jeune homme qui a été accusé d’avoir assassiné une petite fille, et condamné pour la pire des raisons : il avait déplu au président de la Cour d’assises en se défendant énergiquement au cours des audiences. Ce président, vexé, avait fait pression sur les jurés afin de le faire condamner, et le malheureux Ranucci avait été guillotiné à Marseille. Il fut le dernier Français à subir la peine de mort, un privilège dont il se serait bien passé.

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