Pas de « Bonne année » !

Publié le par Yves-André Samère

Il y a des mots et expressions que j’ai en horreur, et que jamais je n’utilise. Pour certains mots, c’est récent, parce que les médias ont exagéré, les ont employés trop souvent, et que je ne peux plus les supporter. Par exemple « ensemble », que la publicité pro-gouvernementale nous inflige cent fois par jour, tant à la radio qu’à la télévision. Savez-vous que ce mot bien-pensant et que les autorités ont souhaité (ou cru) incitatif s’affiche sur un panneau publicitaire de trente mètres de large, au sommet du tribunal de commerce, en face du Palais de Justice (l’ancien, pas le nouveau, cette horreur) ? Les Parisiens ne peuvent pas le rater, on le voit depuis des kilomètres.

Et puis, cette autre ineptie qui revient chaque 1er janvier : « Bonne année ». Celle-là, je la hais depuis l’enfance. Je n’exagère pas, je devais avoir cinq ans et demi quand j’ai refusé de la prononcer à la date prescrite. Naturellement, la tête dure que j’étais à remis ça chaque année, ce qui me valait chaque fois une raclée aussi rituelle que paternelle. Mais comme je persistais, ma famille a fini par se résigner à la présence en son sein d’un gosse qui restait allergique aux sacro-saints usages de la société, et on a cessé de réclamer l’impossible.

Pourquoi cette obstination à laquelle j’étais le seul à tenir ? Parce que deux détails m’avaient sauté aux yeux : l’inefficacité de cette pratique (pas la raclée, mais l’incantation sous-jacente), et son caractère surnaturel aussi évident que la danse de la pluie chez les primitifs. Je n’ai jamais varié sur ce point.

Et si quelqu’un peut se vanter de m’avoir surpris à proférer un « Bonne année », à quelque moment que ce soit, il gagne une Cadillac en or massif.

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