Jargon radiophonique
Le jargon se porte bien, à France Inter ! Cela, quand, à propos d’une émission, une seule, où un morceau de musique classique est diffusé sans le texte destiné à le présenter aux auditeurs (dont on a empêché de parler la présentatrice habituelle), les animateurs prétendent que « la présentation de la chronique n’a pas pu être suffisamment préparée en raison d’un mouvement de grève »...
Pas suffisamment préparée ! Ce qui n’a pas été suffisamment préparé, visiblement, c’est la rédaction du prétexte qu’on a donné aux auditeurs, qui, s’ils sont un peu finauds, comprennent qu’on a censuré ladite présentatrice, Anna Sigalevitch, pour une raison qu’on leur cache. Que reproche-t-on à cette jeune femme ? Qu’elle soit russe, ou juive, ou trop talentueuse, ou je ne sais trop quoi ? On ne le saura pas.
Le 26 novembre 1999, dans l’émission “Rien à voir”, François Morel avait consacré sa chronique habituelle, sur la même radio, au fait que, lorsque France Inter était en grève, on n’expliquait jamais aux auditeurs pour quelle raison la grève avait éclaté. Mais on n’avait pas fait taire Morel, qui était – qui est toujours – populaire, et auquel on n’aurait jamais pu imposer le silence. À la place, on expliquait qu’« un arrêt de travail d’une “certaine catégorie de personnel” avait empêché » le déroulement des émissions, et ce, durant plusieurs semaines consécutives.
Mais comme on voit, dans le fond, rien n’a changé, en dépit des nombreux changements de présidents de Radio France.