« Digitalisation » ?

Publié le par Yves-André Samère

Il est horripilant d’entendre tout le monde parler de « digitalisation » alors que le seul mot qui convienne est « numérisation » (les Italiens, eux, disent digitalizzazione, ce qui ne vaut pas mieux).

Rappelons que le terme qui est à l’origine de cette confusion est l’anglais digit, mot qui désigne chacun des dix chiffres servant à écrire tous les nombres. Or la numérisation est l’opération qui consiste à écrire n’importe quel nombre en écriture chiffrée, ce qui ne fait pas d’un nombre un banal chiffre ! Nous n’avons que dix chiffres, mais une infinité de nombres...

Mais, comme toujours, dès qu’on veut désigner un mot du français courant, nos chers compatriotes obéissent à leur fatal réflexe : ils vont chercher dans la langue anglaise le terme qui leur convient – souvent à tort –, et qui ne sera jamais français ! C’est ainsi, par exemple, que le petit déjeuner devient un breakfast, qu’un joueur de tennis se transforme en tennisman (mot qui... n’existe pas en anglais, où l’on ne trouve que tennisplayer), qu’un beignet se traduit en donut, qu’un vélo se mue en bike, qu’un séducteur devient un playboy, qu’un jeune entre douze et vingt ans se métamorphose en teenager, et ainsi de suite.

Naturellement, au sommet de l’État, nul ne s’en soucie. Mais, en 1964, René Étiemble, qui était polyglotte et que la situation énervait, avait publié un livre qui fit pas mal de bruit, Parlez-vous franglais ? (que j’ai lu avec avidité), où il ferraillait contre cette manie qui sévissait déjà. À lire, s’il n’est pas trop tard.

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