Quand j’écrivais : 1.
J’ai commencé à écrire quand j’avais dix ans. Mes parents m’avaient expédié en colonie de vacances, comme ils l’avaient fait deux ans plus tôt. Cette fois, ce n’était pas dans les Alpes, mais dans les Pyrénées, sous la férule d’un abbé qui arrondissait ainsi ses fins de mois.
Non, pour moi, ce n’était pas des vacances, plutôt une sorte de punition. Il me faut avouer que vivre dans cette ambiance de jeux perpétuels me rasait prodigieusement, et que je m’efforçais d’y échapper aussi souvent que possible, n’ayant jamais eu l’esprit de groupe.
Constatant la chose, la cheftaine de mon groupe m’avait proposé d’écrire quelques petits textes pour le journal de la colonie. Et, bien entendu, j’avais accepté : que ne ferait-on pas pour échapper à l’enfer des jeux collectifs (et passablement stupides) ? Je me suis donc mis au travail, si l’on peut qualifier ainsi une tâche aussi agréable que de raconter tout ce qui vous passe par la tête.
Au bout d’une semaine, je rédigeais tout le journal. Et ce chef-d’œuvre, imprimé, fut envoyé ensuite à toutes les familles de mes anciens camarades de jeux – si jeux il y avait eu !
Je n’en fus pas plus fier, considérant que je n’avais fait que m’amuser. Mais à cette occupation, qui n’avait rien d’une corvée, j’ai pris goût. C’était mon premier pas dans cette voie, et loin d’être le dernier, bien que, croyez-le sur parole, jamais je n’ai cru avoir le moindre talent. Simplement, je suis têtu.
Je vous raconterai peut-être la suite, un de ces jours...