Avec les pieds
Ce qu’il y a de bien, à la Poste, outre la rapidité avec laquelle elle perd les lettres et colis qu’on la charge d’acheminer, et l’instauration de règlements absurdes comme la « ligne de confidentialité » qui vous oblige à faire la queue en rang d’oignons devant un guichet sans pouvoir vous appuyer sur quoi que ce soit (merci pour les handicapés qui poirotent une demi-heure afin de retirer la lettre recommandée que le facteur ne délivre plus à domicile), ce qu’il y a de bien, disais-je, c’est l’absence de niaiserie de sa « communication ».
Il y a une dizaine d’années, les génies chargés de faire mousser les Chèques Postaux avaient imaginé de faire dans le culturel. Moyennant quoi, ils avaient résolu de faire figurer sur les chèques des images extraites, je cite le laïus maison, « des grandes œuvres du cinéma français ». C’est vrai, ça, quand je veux me cultiver et entretenir ma passion du cinéma, je me plonge dans la contemplation de mon carnet de chèques. Et l’un des films retenus parmi les dix ou douze élus était Le grand bleu, de Luc Besson. Pas moins...
En ce moment, on nous assène à longueur de journée, à la télévision, un écran de pub qui dit à peu près ceci : non seulement la Poste, rebaptisée « la Banque Postale » (sic), vous offre tel ou tel service, mais elle vous permet d’en profiter « dans la tenue que vous voulez ». Et l’on nous montre un quidam qui consulte son compte sur Internet, mais... pieds nus !
L’argument est décisif et devrait enlever le morceau. N’avons-nous pas tous pesté contre ces établissements bancaires qui nous obligeaient à nous mettre en smoking pour consulter nos comptes sur Internet ?