Arthur C. Clarke
Un de mes amis aujourd’hui décédé (du sida), écrivain connu et sulfureux, méprisait profondément tout ce qui n’était pas la « bonne » littérature, celle par laquelle l’écrivain se regarde le nombril. En conséquence, le genre policier et la science-fiction n’avaient à ses yeux aucune valeur.
On peut être d’un avis différent, surtout si l’on considère la littérature française d’aujourd’hui. Il semble en effet que le roman policier et le roman d’anticipation et de science-fiction aient monopolisé toute l’imagination des auteurs, et nous aient débarrassé du romantisme.
Ce matin, on annonce qu’Arthur C. Clarke vient de mourir, à 90 ans, chez lui, au Sri-Lanka, ex-Ceylan. Voilà un auteur majeur, en science-fiction. Tout le monde a lu 2001, l’odyssée de l’espace, roman qu’il écrivait en même temps qu’il construisait le scénario du film de Kubrick, et dont seule la lecture permet de comprendre ce film. En fait, Kubrick était parti d’une de ses nouvelles, La sentinelle, qu’on avait développée à cette occasion. Mais le cycle issu de ce film comptait d’autres romans, où l’aventure commmencée dans 2001 continuait sur plusieurs millénaires. Il y a même eu un autre film, 2010, de Peter Hyams, plutôt loupé.
Clarke ne se contentait pas d’être écrivain, c’était un scientifique reconnu. Si nous pouvons téléphoner dans le monde entier ou recevoir instantanément des images de toute la planète, c’est à lui qu’on le doit : il avait eu l’idée des satellites géostationnaires, qui rendent tout cela possible.
D’autres scientifiques ont fait une carrière d’écrivains de science-fiction, et deux sont illustres : Isaac Asimov, newyorkais d’origine russe, et sir Frederick Hoyle, astronome britannique, auteur de la théorie de la panspermie, qui publiait sous le pseudo de Fred Hoyle, tantôt seul, tantôt en collaboration avec son fils Geoffrey, né en 1942. Dire que ceux-là ne faisaient pas de la bonne littérature, c’est un bel exemple d’inculture.