Vive le pétrole cher !
Et si l’augmentation du prix du pétrole n’était pas une mauvaise chose ? Bien sûr, les pêcheurs vont réduire leur activité, les transporteurs aussi. Mais on ne va pas sangloter si le transport aérien, par exemple, réduit son activité : il n’est pas absolument nécessaire que tant de gens aillent passer leurs vacances aux Seychelles. On ne va pas sangloter non plus si les pêcheurs pêchent moins : en quelques années, cette profession a réussi à faire disparaître un bon nombre des espèces qui peuplaient les océans. Écoutez Isabelle Autissier : « En trente ans d’exploitation intense et anarchique, de gabegie et de gestion aveugle de la mer et des fleuves, [...] les hommes ont mis en danger d’extinction le quart des espèces marines, et exploitent à leurs limites une autre moitié – c’est la très prudente FAO, l’organisation mondiale de l’agriculture, qui le dit. Or, comme nous continuons à faire n’importe quoi, eh bien, la pêche mondiale va dans le mur à brève échéance. [...] Requins, merlans, thons rouges ont été détruits à plus de 80 %. [...] Et passées sous un certain seuil, les espèces, même si on les laissait tranquilles, ne peuvent plus se reconstituer. Nous risquons donc de faire le vide pour toujours dans l’océan. [...] Dans les prochaines années, il y aura de moins en moins de poissons, de moins en moins de pêcheurs et de nourriture pour les hommes ». Conclusion : qu’on laisse les pêcheurs vider la mer de ses habitants, et la pêche s’arrêtera d’elle-même dans quelques dizaines d’années.
Au fond, toute cette activité débridée qu’on a encouragée dans tous les domaines ne visait qu’à un seul but, employer le plus de monde possible et à tout prix (on n’a jamais vendu autant de bagnoles, jamais autant vanté leur caractère indispensable). Réduire le chômage, peut-être. L’ennui est que les hommes ont mis la planète dans un tel état, que l’espèce humaine elle-même est en voie de disparition, faute de ressources naturelles. Alors, les hommes auront le chômage ET la mort.