Madoff n’est pas un récidiviste
Bernard Madoff – de mad (fou) et off (en dehors) – est devenu, en tant que financier, plus célèbre que Warren Buffet himself, et en un rien de temps. Il lui a suffi d’escroquer ses contemporains, via un procédé que les Français avaient déjà expérimenté sous la présidence de Pompidou avec l’affaire de la Garantie Foncière (nous sommes précurseurs en tout).
Or, veuillez noter que, si Madoff a détourné dix fois autant que notre Jérôme Kerviel, il ne s’est pas contenté, comme ce gagne-petit, de commettre des maladresses destinées à faire gagner de l’argent à la société qui l’employait, non. Les cinquante milliards de dollars qui se sont trompés de poche, c’est à lui-même qu’il les destinait. Au moins, c’est franc, et la Justice sait à qui s’adresser, au cas où elle aurait l’idée saugrenue de vouloir faire... justice, précisément.
Pour ce menu délit, elle n’a tout de même pas été jusqu’à le fourrer dans une cellule avec les pédophiles et les trafiquants de drogue. Restons entre gens bien élevés, et ne confondons pas les torchons et les serviettes. La délinquance en col blanc DOIT conserver son statut de vol convenable et bien sous tous rapports. En foi de quoi, Madoff a été courtoisement convié à rester chez lui, tout au plus lui a-t-on fait présent d’un bracelet électronique (modèle Rachida Dati, et serti de diamants ?).
Madoff peut se réjouir d’avoir exercé son art dans un autre État que la Californie. Car, là-bas, et dans le cadre de la « tolérance zéro », on applique les sentencing guidelines, des règles fixant les peines selon un barème qui prend en compte le type d’infraction et la récidive. En effet, une troisième infraction, selon la three strikes law, entraîne une sentence minimale automatique : de 25 ans à la perpétuité. Vous voulez un exemple ? C’est en Californie qu’en 1995, un homme de 27 ans a été condamné à 25 ans de prison pour le vol d’une pizza. En effet, ce dangereux malfaiteur, dont vous ne vous étonnerez pas d’apprendre qu’il était noir, avait été condamné deux fois auparavant pour vol et possession de drogue. Et ne me demandez pas en quoi le vol d’une pizza peut être considéré comme la récidive d’un trafic de drogue.
Mais peut-être Madoff n’était-il pas récidiviste ? Ben oui, si l’on considère qu’il a volé ses cinquante milliards de dollars une seule fois !