Haro sur le juge d’instruction !
C’est la Légion d’Honneur que Sarkozy aurait dû décerner au juge Burgaud. Balourdement éperdu d’admiration devant tout ce qui vient des États-Unis (il paraît qu’il n’aime pas s’attarder à table et qu’il ne boit jamais de vin, ça correspond), monsieur Not’ Bon Maître profite des débats qui ont eu lieu autour du scandale d’Outreau, provoqué par ce juge incapable, partial... et mal surveillé par sa hiérarchie, pour supprimer la fonction de juge d’instruction.
C’est exactement ce qui existe aux États-Unis. Là-bas, c’est le procureur et ses adjoints qui font l’enquête, on aura donc le même régime chez nous, et comptez sur ces magistrats, qui prennent leurs ordres au ministère de la Justice, pour être impartiaux ! Désormais, la classe politico-affairiste ne courra plus le risque d’être importunée par des emmerdeurs comme Eva Joly ou Renaud Van Ruymbeke. Et la machine à enterrer les affaires gênantes va tourner à plein régime.
Autre chose : tout le monde l’a dit, mais ce n’est pas une raison pour ne pas le dire aussi, le prévenu, pour être disculpé, devra se débrouiller pour confier la contre-enquête à son avocat – s’il a les moyens de s’en offrir un, et ne comptez pas trop sur les débutants de l’aide judiciaire pour se lancer là-dedans. Par conséquent, si c’est compliqué, il devra payer un détective privé. Vous savez combien ça coûte, une journée d’enquête privée ? Si un procès d’assises a pu ruiner un homme aussi à son aise qu’O.J. Simpson, ancien champion sportif et vedette de cinéma, on souhaite bon chance au métallo de chez Renault dont la femme aura été retrouvée assommée dans sa cuisine.
Si la réforme passe, et elle a toutes les raisons de passer – le pouvoir législatif a autant intérêt que le pouvoir exécutif à mettre des bâtons dans les roues au pouvoir judiciaire, voyez avec quelle facilité les uns et les autres récriminent contre « le gouvernement des juges » –, notre pauvre République va avoir bonne mine auprès de nos voisins hilares.