Sortir du placard
Roger Karoutchi, secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement, a révélé hier qu’il était homosexuel. Pour un membre du gouvernement en exercice, c’est une première en France. C’est aussi et surtout l’indice quasi-infaillible qu’il compte se présenter prochainement à une élection. Mais cette révélation risque alors de lui nuire, vous demandez-vous ? Pas du tout !
Si, homme politique homosexuel, vous ne sortez pas du placard (pour les non-initiés, si vous ne révélez pas vos goûts), il y aura de petits malins qui seront au courant et qui lâcheront la révélation au moment le plus gênant pour vous. Par exemple les journaux, qu’ils soient favorables, comme « Têtu », ou hostiles, comme la presse d’extrême droite : un scoop, pour cette espèce, ça se couve en attendant l’instant favorable. Si, au contraire, et suivant l’exemple de Bertrand Delanoë, vous révélez vous-même votre homosexualité AVANT de vous présenter à l’élection, vos adversaires n’auront plus rien à dire et vous ficheront la paix. C’est bien ce qui s’est passé avec le maire de Paris, élu sans la moindre difficulté.
On ne dit pas qu’être homosexuel, ça aide. Mais ça ne nuit pas. En France, tout au moins, et en Allemagne, et dans les pays scandinaves, et en Espagne (Édith Cresson me souffle qu’il est inutile de mentionner l’Angleterre, parce que là-bas, ils sont TOUS homos). Aux États-Unis, en revanche, ils sont à ce point arriérés qu’être gay fusille radicalement votre candidature, à moins de vivre à San Francisco. Mais alors, vous êtes à la merci d’un fanatique, lequel vous flinguera à la première occasion. Voir Milk, le film avec Sean Penn, qui sortira cette année : Harvey Milk, conseiller municipal de San Francisco et ouvertement homosexuel, a été assassiné, ainsi que le maire de cette ville, le 27 novembre 1978.