« Climatiste »
La diffusion du film Home deux jours avant le scrutin a très certainement favorisé le vote de dimanche en faveur de la liste des écologistes, et, malgré les imperfections de ce film, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre, puisque j’ai précisément voté pour cette liste (je l’aurais fait même sans le film). Mais il y a eu des râleurs, comme de juste.
Au premier rang des mécontents, Jean-Marie Le Pen, dont le parti n’a pas vraiment fait un triomphe dans cette élection. Et il a qualifié Home de film « climatiste ».
Cet adjectif n’existe pas dans la langue française. Or Le Pen connaît le français mieux que quiconque – ce n’est pas se ranger dans son camp politique que de le reconnaître. En fait, climatiste n’est pas une création du parrain frontiste. Ce mot, apparemment, a été forgé par un certain Éric Gaillot, médiocre plumitif d’extrême droite, qui se dit, accrochez-vous, « Docteur ès Géopolitique contemporaine, Docteur ès Psychiatrie avancée, Prophète authentique et Docteur ès Théolo(ma)gie » – avec les majuscules, et l’énorme faute de français sur ès (qui signifie en les, et doit normalement être suivi d’un pluriel). Ce Gaillot, qui n’est pas évêque à Partenia, est le fondateur du groupe Rassemblement Nation Française, et tient un blog intitulé Point Mort, dans lequel il annonçait, le 7 juin dernier, selon une fumeuse théorie PointZéro dont il est bien sûr l’auteur (les prophètes savent tout), que « l’extermination politiquement correcte de 90 à 95 % de l’humanité » a été programmée via « la vaccination obligatoire et universelle » contre le virus A/H1N1. Il y affirme qu’« accepter le caractère obligatoire de cette vaccination est un signe supplémentaire de défaillance psychologique dont le point de crise est annoncé par le postsionisme », qui n’est pas, bien sûr, de l’antisémitisme !
Pour sa contribution à l’enrichissement de notre vocabulaire, proposons d’admettre Le Pen à l’Académie française. Il y sera ainsi à l’abri, et nous aussi.