Pourquoi pirate-t-on ?
Pourquoi pirate-t-on ? Élémentaire, ma chère Emily Watson : c’est parce que les articles convoités sont trop chers. Et pourquoi sont-ils trop chers ? Parce qu’il faut bien rétribuer les artistes ? Rions ! il est notoire que les éditeurs de musique et de vidéo se sucrent copieusement, impunément et impudemment, et n’abandonnent aux auteurs et interprètes qu’une portion congrue. La défense du droit d’auteur, c’est le prétexte qui sert à colorer l’exploitation desdits, et à faire passer dans l’esprit du public toutes les tentatives actuelles de répression – d’ailleurs menées en dépit du bon sens.
Bref, il y aurait beaucoup moins de piratage si l’on réglementait plutôt les profits de ces margoulins. Or c’est tout à fait possible. Il m’est arrivé, il y a une douzaine d’années, d’acheter dans un supermarché des CDs musicaux de qualité à cinq francs pièce (c’était avant l’euro). Preuve que la chose est possible, et que les prix affichés sont scandaleusement majorés. Mieux, depuis quelques semaines, la FNAC (non, je ne fais pas de publicité pour cette chaîne de magasins, qui a beaucoup à se reprocher par ailleurs) vend les DVDs de films récents à dix euros pièce, voire à trente euros pour cinq films. On ne sait pas si cela va durer, mais pour le moment, les acheteurs se pressent devant les rayons, et les films partent comme des petits pains. Si les marchands de la FNAC, qui ne sont pas des philanthropes, peuvent le faire, pourquoi pas les autres commerçants ?
Conséquence, des films qu’on aurait pu télécharger en y perdant des jours, voire des semaines, on peut les acquérir légalement, et tout le monde est content. Pas besoin d’une loi supplémentaire.