8 mai... 1945

Aujourd’hui 8 mai, le Petit Journal avait envoyé une équipe faire un micro-trottoir dans le quartier des Halles – mon quartier. Thème : sonder les passants afin de voir s’ils savaient pourquoi le 8 mai est un jour férié.

Aucune surprise, les cadreurs et preneurs de son ont récolté des tombereaux de stupidités, la plus courante étant sur le mode « Ça a un rapport avec la religion », l’un des interrogés précisant même que toutes les religions étaient concernées, et pas seulement la chrétienne. Deux ou trois passants, un peu avancés en âge, se sont néanmoins souvenus que le 8 mai 1945 avait eu lieu la capitulation de l’Allemagne nazie.

Hélas, pas un n’a eu l’idée d’évoquer un évènement au reste fort mince : le 8 mai 1945, donc ce jour-là très précisément, en Algérie (à Sétif, mais pas seulement), les Arabo-Musulmans qui avaient combattu en Europe et s’étaient un peu fait casser la gueule pour sauver les fesses des vrais Français menacées par les groupies du regretté Adolf, ont eu l’audace inouïe de manifester, munis d’un drapeau vert, afin de réclamer que les princes qui nous gouvernaient pensent à leur accorder enfin, après plus d’un siècle, quelques menus droits civiques qu’on avait bêtement oublié de leur donner.

La manifestation a été traitée comme il convenait, puisque les forces de l’ordre de la France éternelle les ont massacrés, ces insolents qui ne respectaient pas les vrais civilisés. Ils s’en sont souvenus, et la Nation algérienne, qui n’avait jusque là aucune existence dans les esprits, est née ainsi.

Et devinez qui était alors le chef du Gouvernement français, donc le responsable de tout se qui pouvait se passer sur le territoire national (et colonial) ?

Encore un triomphe du grand Général que vous savez ! Il est normal que, quelques années plus tard, il ait voulu arrêter la guerre d’Algérie, puisque c’est lui qui l’avait provoquée.